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Comment se faire attaquer par une meute sur twitter : toucher à une icône du net ? #iconoclaste #byzance

Mise à jour juillet 2013 et explication de pourquoi il y a eu publication/dépublication/republication de cet article entre le 19 et le 20 juillet 2013.

Vu la micro-polémique déclenchée hier sur Twitter suite à la dépublication de l’article ci-dessous, je me dois de donner quelques explications. Vous allez voir, c’est pas passionnant. Ces derniers jours, j’avais décidé de publier enfin cet article écrit le 30 mai 2012 et gardé en brouillon depuis. Je l’ai donc repris en main pour l’éditer. J’avais l’intention de le publier à la date d’écriture, soit le 30 mai 2012 (antédatation) pour ne pas débarquer comme un cheveu sur la soupe dans mes préoccupations actuelles sur mon blog. J’ai donc commencé la mise à jour de l’article, et comme je le fais souvent quand j’écris, j’ai voulu enregistrer au fur et à mesure d’appuyer sur “Mettre à jour” (le brouillon, donc), j’ai cliqué sur “Publier” par erreur. Comme je n’avais pas fini, et que je n’avais pas le temps de m’en occuper, j’ai immédiatement dépublié l’article. Mais c’était oublier que finalement, à force, des gens me suivent/me lisent, par un flux RSS ou par un abonnement par mail. Notamment des gens malveillants dont je n’aurais pas parié qu’ils s’intéressent à mes écritures. Mais aussi des amis. Alors que je travaillais de mon côté à tout autre chose, j’ai été alerté d’un tweet assez hostile par le mail d’un ami. Là, j’ai compris qu’il y avait urgence à publier. C’est chose faite. Au jour du 20 juillet 2013, donc. Un jour ma transparence me tuera, mais pas aujourd’hui.

Article de mai 2012, avec des mises à jour signalées quand elles sont significatives.

*** WARNING *** DISCLAIMER *** Cet article ne concerne pas La Quadrature du net, « organisation de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet », mais le compte twitter qui est rattaché à leur site. Et encore, l’usage qui en est fait/l’image qu’il veut donner. Et surtout les dévots qui gravitent autour et s’érigent en gardien du temple. *** WARNING *** DISCLAIMER ***

Tout a commencé par cette notification reçue par mail, le compte twitter @laquadrature s’est mise à suivre mon compte twitter @squintar :

J’envoie mon traditionnel DM de bienvenue (1), rien à signaler de particulier.

Quelques jours plus tard, je réalise que je suis la seule followée de ce compte, je trouve ça curieux, je clique sur le compte, et je vois que le nombre de followés est passé à…zéro ! Je fais une hypothèse rapide (dont on verra plus loin qu’elle était fausse) : je me dis qu’ils followent et unfollowent systématiquement et rapidement pour se faire connaître – pratique courante sur twitter, et j’écris ce tweet (notez bien que je ne parle pas de leur nombre de followés) :

Et là, c’est la déferlante : (à lire de bas en haut, et en commençant par la capture du bas) :

Je ne sais pas quelle visualisation est la meilleure, j’ai aussi ça, à lire de haut en bas, et qui montre mieux la « hiérarchie » des tweets : (représentation obtenue avec Aaron’s twitter viewer puis capturée avec Paparazzi)

Essayons de comprendre

La 1ere réaction vient de GusLeLapin : il fait l’hypothèse d’une fausse manip. Comme c’est aussi une private joke entre nous (…), je ne le prends pas au sérieux. Quelques amis semblent d’accord avec mon offusquation (oui, oui, je me donne le droit de jouer avec la langue française), mais se concentrent sur le zéro following, et sur ce que ça veut dire en termes d’interactions sur twitter.

Quelques minutes plus tard, mon tweet ayant dû tomber dans les radars, des personnes qui ne me suivent pas se mêlent de la conversation. Le premier est kheops2713. Au début, ça a l’air sympa, un peu ironique, donc je réponds avec humour (les « soviéto-écolo-nazi » me rappellent des discussions passées sur la proximité idéologique entre les nazis, l’extrême droite et l’écologie quant à la valorisation/respect/culte/protection de la nature, c’est un sujet qui me fascine depuis ma lecture de Robert Proctor…). Mais là, le ton monte : la Quadrature n’aurait pas besoin de moi. C’est un argument qui va revenir souvent quand les protagonistes vont augmenter. Je le trouve très intéressant : je ne pense pas qu’une organisation de lobbying puisse vraiment atteindre son but sans essayer aussi de récolter la sympathie du « grand public ».

On bascule ensuite dans le dénigrement : mes tweets seraient d' »utilité négative » (ça veut dire quoi ?). Mais quel rapport avec le schmilblick ? Pourquoi m’attaquer personnellement ? Auraient-il un truc à se reprocher ? Je commence à trouver ça bizarre et me demander qui est donc ce type qui vient m’agresser alors que je ne lui ai rien fait. A moins qu’il considère que je lui ai fait quelque chose avec mon tweet ? J’aurais touché un point sensible ? Kheops2713 ne s’arrête pas là, il m’accuse d' »emmerder » la Quadrature pour me « donner de l’audience ». Là je me dis que le type est dérangé.

C’est là que l’amie Juju vient mettre son grain de sel, avec une réponse qui donne le ton de ses interventions ultérieures : la Quadrature fait du bon boulot, DONC ils n’ont pas besoin de moi. Mais quel rapport ? Je ne parle pas de leur boulot, je ne le critique pas, je sais qu’il est très bon et indispensable, je ne parle que de leur stratégie sur twitter : ne suivre personne, et faire du follow/unfollow pour se faire connaître (ce 2ème point est erroné, je ne le saurais que plus tard). Ce ne sera pas les premiers ni les derniers.

À part Gus, personne ne parle de ce point précis (la stratégie de la Quadrature sur twitter), et il faudra attendre l’arrivée de Benjamin Sonntag dans le débat pour avoir une piste sérieuse : il fait partie des gens qui sont derrière le compte de la Quadrature, et il lui arrive de faire des erreur de jonglage entre ses comptes. En effet, il me suit depuis quelques temps, donc c’est tout à fait possible.

Cette information est en fait triple :
1/La Quadrature ne m’a followée que par erreur (c’est dommage de ne pas l’avoir signalé à la réception de mon DM, mais bon),
2/La Quadrature ne pratique pas de follow/unfollow systématique,
3/ Gus avait fait le bon « guess » dès le début.

Je pense que ça aurait dû s’arrêter là. Je soulève un point en suggérant une hypothèse. Les gens font des hypothèses dans un sens, dans l’autre. Et on a une intervention qui répond de façon beaucoup plus satisfaisante à mon interrogation de départ que l’hypothèse que j’avais faite, hypothèse qui me parait après coup hyper inutilement compliquée.

Mais ça ne s’arrête pas du tout là. Débarque Skhaen avec un 3ème « La Quadrature n’a pas besoin de toi ». Là je commence à me dire qu’il s’agit d’une bande de gens qui ont eu un media training de pro, avec des éléments de langage, et qu’on les a préparés à ce genre d' »attaques » : « Si quelqu’un râle parce que la Quadrature ne suit personne, bah vous direz que la Quadrature n’a pas besoin de suivre les gens, c’est eux qui ont besoin de suivre la Quadrature ». Là, je me demande dans quelle sorte de secte j’ai mis les pieds, et je commence à avoir peur.

Juju dit que la Quadrature ne sert qu’à « faire de la promo », plus tard, un ami parlera plus loin de marketing. Effectivement, je remonte la TL de la Quadrature, et je me dis que c’est pas un compte twitter, c’est rien de plus qu’un robot qui crache du contenu, des liens de leur site web.

S’abonner au flux RSS de leur site serait aussi intéressant (donc non intéressant, en passant à côté de toute l’interaction possible sur twitter). Je décide alors de pointer, sans citer la Quadrature, le fait que l’utilisation « Twitter RSS » est une mauvaise pratique. (rajout juillet 2013 : C’est mon avis, je sais qu’il y en a d’autres. Et même mon avis évolue depuis car je connais pas mal de gens qui remplacent leur veille à base de flux RSS par une veille sur Twitter)

Ce tweet relance le débat, indirectement :

Des soutiens… qui préfèrent se cacher (ou pas)

Des followers qui ont vu l’absurde agressivité dont je suis victime, en parlent en TL (j’ai pas les captures)…et en DM. Je n’ai malheureusement pas gardé les copies des DM, mais ce sont 1/des informaticiens, plutôt proches, très très proches du libre, voire en plein dedans, et 2/ 2-3 personnes qu’on appelle geeks (concept confus, mais faites pas comme si vous ne voyiez pas ce que je veux dire) qui témoignent, essayent de me rassurer. Extraits (à partir des mails de notification) :

  • « T’as tâté du geek un peu nerveux et méprisant ».
  • « Ben dis donc, quelle déferlante tu t’es pris d’un coup sur l’affaire de @laquadrature ! ;(Une vraie meute… c’est très bizarre ».
  • « Oui je sais Kheops est dans telecomix et a aidé à rétablir les connexions avec la Syrie. Mais là il s’est comporté en gros geek obtus »
  • « C’est un pb d »inclusion dans leur sphère. Je te considère comme moi=> je suis cool. Je décide que tu es mon ennemi => je suis un connard »
  • « C’est la complexité de la nature humaine. Je te rappelle que des gens sympas peuvent faire des trucs dégeulasses et des gens cons font des trucs très bien ».
  • « C’est pour ça que j’aime pas les geeks ;-). Ils sont monomaniaques et pas tolérants. Et en même temps on partage certaines valeurs théoriques sur les grands principes mais qui ne s’appliquent pas dans les relations personnelles »
  • « Mais non sérieux faut pas paniquer. C’est 2-3 mecs de la quadr. qui s’échauffent derrière leurs écrans. Tu les croises IRL ils filent doux. Parce qu’ils sont derrière leur écrans et qu’ils sont doués en info: ils se croient dans leur monde et tout puissant »
  • « Ah oui clair, quand leur côté « troll en meute » s’exprime ils sont assez détestables :(. Sur quelqu’un, j’avais jamais vu :(. Déjà vu sur des sujets un peu passionnel, dans les forums, où un seul peut ramener une bande. Je crois qu’il y a un côté « je me sens fort en bande, surtout face à une fille ». Pas sur qu’individuellement ils soient si vindicatif…:) les geeks sont très forts pour se déchainer en groupe derrière leur écran, puis individuellement IRL y a plus personne… »
  • « Peut-être @laquadrature n’est jamais critiquée sur twitter (chasse gardée) donc c’est peut-être une première pour eux.  #laviedadulte »

En conclusion, j’ai pas tout compris

1/ Pourquoi ne pas simplement répondre sur le fond ?

Je parlais d’une stratégie de follow/unfollow, une “mauvaise pratique”, sans aucune animosité envers cette organisation. (rajout juillet 2013  : Surtout que ce N’est PAS leur stratégie. JE ME SUIS TROMPÉE DANS MES CONCLUSION HÂTIVE. Je fonctionne très souvent comme ça : je pars toujours d’une hypothèse (souvent forte). Parfois ça ressemble à une conclusion, mais ce n’est chez moi qu’un point de départ. Si je n’ai pas d’hypothèse de départ, c’est qu’en général je ne suis pas intéressée par le sujet. Je fonctionne par étonnements successifs. Le but des échanges/de la recherche qui suit est d’infirmer ou de confirmer cette hypothèse.)

La seule « stratégie » de la Quadrature sur twitter consiste donc à :
1/ l’utiliser comme simple média passif de diffusion de leurs actualités, type flux RSS
2/ ne pas interagir avec la communauté, ne pas faire de conversation/d’éclairage/de pédagogie, alors même que cela fait partie de leurs missions.

Ce ne sont pas des choix neutres, et ils pourraient être expliqués et argumentés. Ce ne sont pas nécessairement des mauvais choix non plus. Mais l’absence d’humanité derrière ce compte se traduit aussi par l’absence d’un débat contradictoire. Dans ce genre de situations, il est bon de ne pas faire l’impasse sur une remise en question de sa communication web.

2/ Pourquoi une telle agressivité ?

Ces gens se sont-ils sentis agressés par mon tweet qui se moquait de la stratégie (supposée) du compte @laquadrature ? Comment peut-on en venir à “m’attaquer” directement alors que je ne signale que des faits (même si je les interprète mal) (et que je suis prompte à changer d’avis) ?

Pourquoi ces 2 personnes, très recommandables selon une fan, et qui ont mené des actions très courageuses, se sont sentis concernés de cette façon par ce que j’ai pu dire de la stratégie du compte @laquadrature, alors que @vincib qui fait partie, selon sa bio twitter, de l’organisation, s’est contenté de calmement répondre et @jerezim, un des fondateurs, semble avoir d’autres chats autrement plus importants à fouetter ? (et gère un compte twitter « normal », non unidirectionnel). De même, comme l’est @ungarage, compte « vivant ».

3/ Tient-on là des pistes sur le grand malentendu entre geeks et non-geeks, entre activistes du net et majorité qui n’y comprend rien ?

C’est difficile de comprendre comment La Quadrature, qui mène une action essentielle sur des libertés fondamentales mises régulièrement en danger par certaines législations peut-elle être « défendue » avec autant de mépris et de hargne, et surtout un tel manque de discernement de la part de certains de ses partisans?

Y aurait-il chez certains, un sentiment d’appartenir un peu à une nouvelle élite, à un club “fermé” dont il ne faut pas discuter les actions ? (rajout juillet 2013 : Je ne sais pas, je pose des questions, va falloir s’habituer à mon fonctionnement (ou pas).)

(rajout juillet 2013) En conclusion, on l’aura compris, mon but n’était pas d’attaquer La Quadrature (dont je ne me permets que de questionner la “stratégie” Twitter) mais de dénoncer les attaques personnelles auxquelles j’ai été exposée, et de poser la question de la défense acharnée d’une institution par ses défenseurs/sympathisants. Ça ne me parait jamais bon, mais c’est normal, je suis anarchiste, insolvable dans une quelconque structure au dessus de la taille individuelle.

On m’excusera (ou pas) pour les barbarismes autour de l’anglais follow/following/follower…(commentaire  juillet 2013 : j’ai bien rigolé en lisant cette note. J’ai dû me ramollir dans mon respect de la langue française face à la barbarie des anglicismes car j’utilise désormais tous ces termes et de bien pires quotidiennement 🙂

Mise à jour suite Juillet 2013 suite au tweet d’@aratta

https://twitter.com/aratta/status/358105318103846913 : Après avoir attaqué #FES2013 et @Jean_no, récidive pr @laquadrature. Quel sera le prochain pr se faire mousser? https://feedly.com/k/17pk0yk

Elle ne me cite pas mais pense/dit que c’est “pour me faire mousser” que “j’attaque” La Quadrature. Déjà, je n’attaque pas La Quadrature, mais je ne vais pas vous refaire tout l’article ci-dessus. Je suis un peu simplicistement attachée à la publication de faits et au signalement de bugs, pour faire avancer le schmilblick. Mais surtout, je suis bien consciente de prendre de gros risques en dénonçant ces pratiques et en publiant ceci, loin de me faire mousser. I wish !

Notes (juillet 2013)

(1) On saura plus tard (par des tweets dont je n’ai pas de trace) que certains de mes interlocuteurs étaient sur IRC à ce moment là, ce qui explique leur arrivée synchronisée pour me tomber dessus.
(2) De temps en temps, et de moins en moins ces derniers temps, je remonte mes mails de notifications des nouveaux followers pour prendre connaissance des nouveaux comptes qui me suivent. Au vu de leur bio ou de leurs derniers tweets, je décide de les suivre ou pas (mais c’est rare), et je leur envoie un DM de bienvenue et d’avertissement que je suis hyper bavarde, que je ne me vexe s’ils m’unfollowent pour cette raison, et que je fais pas de follow-back automatique, mais que je follow quasi-systématiquement tous les gens avec qui j’échange. Ce qui pose un problème avec les comptes privés, mais c’est pas la question ici.
(3) Merci encore à Aaron pour son visualisateur de tweet dont je me suis tant servie ces dernières années (surtout avant que Twitter ne permette de voir les discussions)…Depuis, Aaron s’est suicidé et je suis inconsolable (pas pour cet outil, hein, par pur romantisme de midinette militante)…
(Note sur le titre.) Choisi à l’époque (mai 2012). Omagad. J’ai eu du mal à comprendre moi-même la blague. L’association d’idée icône => iconoclaste => Byzance qui fait référence à l’iconoclasme byzantin (voir Période iconoclaste de l’histoire byzantine) me laisse tout à fait sceptique aujourd’hui et me fait entrevoir avec une soudaine lucidité les raisons des incompréhensions courantes face à mon humour. Je compatis et m’en excuse 🙂

La Turquie qui ne me manque pas #TraitresseALaPatrie

Article dans la série La France que j’aime et La France que je n’aime pas. Le pendant : La Turquie qui me manque.

  • Les mecs qui te matent dans la rue et te tripotent dans le métro et dans le bus et partout où ils peuvent. Le harcèlement par la parole, les regards, les mains. Rien à voir avec de la drague. Ne JAMAIS confondre ce comportement odieux et la drague.
  • Les journalistes télé et presse écrite qui écrivent dans un très mauvais turc (la langue). Même moi qui n’ai jamais appris à lire ni écrire de façon scolaire (mais toute seule, je sais pas bien comment, mais bon, c’est phonétique, et je devais baigner dans un bon milieu), je suis très gênée à la lecture.
  • Le fait que les gens doivent hurler leur nom quand ils sont embarqués par la police car ils pourraient bien « disparaître » malencontreusement (voir la scène troublante du film  De l’autre côté de Fatih Akin)
  • Les fonctionnaires du consulat turc de Paris qui sont capables de dire « Mais vous n’êtes pas turc/que, alors ? » à quelqu’un sous prétexte que « son nom ne sonne pas turc ». Ça peut arriver à des Juifs, Grecs, Arméniens de nationalité turque. Donc turcs.
  • Le fait que les gens se croient permis de tripoter les bébés et gamins croisés dans la rue comme s’ils étaient des objects publics.
  • Le fait que les gens pensent que tu ne vas pas les voir te passer devant dans la queue, l’air de rien (soyons désinvoltes).
  • Le fait que les gens ne pensent pas souvent à s’excuser s’ils sont amenés à te toucher accidentellement dans l’espace public. Les gens te bousculent facilement, dans la foule, et semblent trouver ça normal.
  • La conduite des chauffeurs de taxi : à en avoir la gerbe et la frousse en même temps. Sans parler du fait qu’ils ne connaissent pas les adresses. Même les plus centrales d’Istanbul.
  • Le kitsch des fringues de bébé.
  • L’incapacité à dire « je ne sais pas » des gens qui ne connaissent pas l’adresse que vous leur demandez. Le fait qu’ils vous envoient dans une fausse direction sans état d’âme.
  • Le sentiment de non-État de droit que tu as en permanence.

(liste en perpétuelle révision. Non, ce n’est pas traçable, si vous avez une meilleure solution, partagez-la)

La France que je n’aime pas #TuLAimesOuTuLaQuittes

Avertissement : Cet article a été écrit en parallèle avec La France que j’aime. J’habite à Paris depuis août 1994, venue sur invitation (et bourse) du gouvernement français à faire une prépa maths-sup bio (pouah). J’ai été naturalisée en juillet 2008. J’ai été étudiante jusqu’en juin 2007 (no comment, hein), soumise à des autorisations de séjour provisoires (de 3 mois à 1 an, même avec un contrat de travail était de 3 ans), puis au régime salarié (autorisation obtenue après radio des poumons, journée d’accueil et tout –ridicule–) en 2008.

J’évite de parler ici de choses trop directement liées à des gouvernements spécifiques, comme les lois et les pratiques immondes concernant les sans-papiers, les immigrés et leurs enfants parfois français. J’ai essayé de ne parler que ce qui me paraissait plus généralement faire partie de la culture, de l’ambiance, de l’intemporel en France. Tentative illusoire, consciente de ses limites.

Enfin, les Français non-parisiens trouveront peut-être que je parle quand même surtout de Paris, ce biais n’est pas étonnant vu mon parcours, alors n’hésitez pas à commenter et à compléter.

  • L’arrogance des flics, de la police aux frontières, des garçons de café (ah non, eux ils méritent une ligne à part).
  • L’insupportable arrogance et le mauvais humour des garçons de café [à Paris]. Odieux avec les étrangers qui prononcent mal les noms des plats, capables de faire semblant de ne pas comprendre.
  • L’humour français tel qu’on le voit dans les films français, et autour de soi.
  • L’amour des jeux de mots et calembours, à l’écœurement. Les titres de l’Équipe, de Libé, du Canard.

3 Exemples de Libé :

  • Le fait que les filles/femmes doivent faire la bise aux garçons/hommes et aux filles/femmes même inconnus, même ceux qu’on ne reverra jamais, même ceux avec qui on n’a pas échangé un mot pendant la soirée, etc. J’ai déjà essayé de serrer la main, à mon arrivée à la fac le matin. On s’est moqué de moi : ça faisait candidate en campagne électorale. Les garçons ne sont tenus d’embrasser que les filles, c’est déjà ça en moins. [Remarque : en Turquie, on serre la main des gens qu’on ne connait pas, on embrasse très chaleureusement (pas l’air) les gens qu’on connait et aime]. Lire ce papier génial qui exprime tout ça en mieux.
  • Les Français qui se croient si facilement les meilleurs du monde. Même ceux qui n’ont pas quitté leur patelin.
  • Les touristes français croisés en Turquie, à New-York, à Berlin, wherever. Ils vous foutent la honte, souvent.
  • Les queues interminables qu’il faut faire chez lez boucher, au cinéma, à la boulangerie, au marché, à la pharmacie, partout, tout le temps.
  • Les gens qui ne savent pas faire la queue. OK, c’est pas mieux en Turquie, voire pire.
  • Le manque du sens du service y compris chez les commerçants ou agents d’information dont on pourrait penser que c’est le métier. L’exact opposé : en Turquie, à NY, en Allemagne.
  • L’esprit colonial qui traine encore. Considérer que la présence en Afrique est normale. Ou l’existence des DOM, des TOM, etc.
  • L’antisémitisme de la gauche (celle de la droite, je m’en fous, c’est normal). OK, ça doit être pareil ailleurs…
  • Le fait de ne pas oser parler de la mort et de certaines maladies, cette fausse (ou vraie) pudeur que je trouve parfois malsaine. L’expression « longue et douloureuse maladie » (pour cancer) en est un bon exemple, ou « fatigué » pour déprimer.
  • Le fait qu’on parle si facilement des gastros des uns et des autres dans un milieu professionnel. Découvert ça dans mon labo de thèse (= mon premier vrai boulot), je ne cesse de m’étonner 10 ans plus tard.
  • Le fait qu’on ne laisse pas sa place aux personnes âgées ni aux femmes enceintes ni aux personnes avec enfants dans les bus et métros [Paris].
  • La nationalisme, y compris quand on essaye de la déguiser sous forme de patriotisme qui serait soi-disant plus acceptable. Ça ne me change pas de la Turquie, pour le coup.
  • Les journalistes qui s’écrasent devant leurs invités à la télé ou à la radio. Je ne comprends pas cette complaisance, à leur place. Et non, ça ne date pas de l’époque Sarkozy, c’était pareil sous Mitterrand et Chirac.
  • Le boucan les soirs de matchs de foot ou de rugby. Les gens qui hurlent, les gens qui n’ont pas bougé le petit doigt et qui se permettent de dire « on a gagné ». OK, c’est pareil en Turquie.
  • Les grands-messes type Salon du Livre ou Salon de l’Agriculture. Le dernier mériterait un article à part entière « Pourquoi je n’aime pas le salon de l’agriculture ».
  • L’importance donnée aux prix littéraires dans la presse et dans l’esprit des gens. Ils en parlent aux infos même sur FIP (moins de 5 min d’infos, hein).
  • Le fait que la plupart des gens semble trouver ça normal de noyer les chatons (et les chiots ?) non désirés. Jamais entendu parler d’une telle horreur en Turquie, jamais envisagé que ça puisse exister « dans un pays civilisé ». « Mais alors que faire ? » me dit-on parfois ? Stériliser en amont (la France est un pays riche), s’en occuper, les placer chez des gens, les nourrir dans la rue (comme à Istanbul ou à Rome), mais surtout ne pas trouver ça normal ni faisable.
  • Les voies de communication en étoile, tous les chemins qui passent par Paris. Conséquences inévitables : galères de déplacement entre les banlieues (RER) et entre les villes (en train). Par la route, je ne sais pas si c’est mieux.
  • Les classes prépas et les grandes écoles. La sélection sur les maths. Le fait que ces compétences très particulières et partielles démontrées vers 20 ans servent à classer les gens jusqu’à la fin de leurs jours. L’esprit de corps, le corporatisme.
  • L’ordre des médecins. Tous les ordres, peut-être. Et peut-être dans tous les pays, d’ailleurs.
  • Le défilé militaire du 14 juillet et l’attachement des Français à ça.
  • Le pays qui marche au rythme des vacances scolaires. Les cours de gym qui s’arrêtent, la cantine d’entreprise qui ferme plus tôt, les boulangeries qui n’ouvrent même pas. Comme si tout le monde marchait à ce rythme. Je parle même pas du mois d’Aout.
  • L’école qui est là pour écrabouiller les individualités et l’esprit critique, pas là pour l’épanouissement et le bonheur des enfants. D’après de nombreux témoignages, et études comparées.
  • La méfiance vis-à-vis des jeunes, à la fac et ailleurs (pas dans les grandes écoles, apparemment, où on leur répète qu’ils sont l’élite de la nation –et ils ont bien raison).
  • L’opposition scolaire entre « littéraires » et « scientifiques ».
  • La pression mise sur les jeunes pour avoir un CV bien linéaire. La défiance face à l’original.
  • La suppression des bancs publics [à Paris]. Sous la pression des habitants sur les mairies, sous prétexte que des clochards dorment dessus. Je HAIS ça. Oui, le mot est violent mais assumé.
  • Le mobilier urbain anti-clochard dans le métro [à Paris]. Même chose que précédemment. En habituant les gens à ça, on prépare des fascistes, je pense.
  • Le massacre à la tronçonneuse des arbres [à Paris]. De la taille non adaptée, excessive, à des moments mal choisis. Sous des prétextes fallacieux, toujours différents (oui, je discute souvent avec les gars chargés de le faire). Des horreurs d’arbres amputés, des rangées de moignons alignés, de formes carré ou rectangle, tristes à mourir, hantent les villes et les cours de recré.
  • Les jardins à la française. Alors que le jardin à l’anglaise ça existe, et c’est si délicieusement plus beau : (photos piquées aux pages wikipedia citées, le Jardin du Luxembourg à Paris et le Jardin des Plantes d’Angers)

  • Le laïcisme militant de certains qui semble n’avoir pas compris que la laïcité, c’est juste un État qui ne voit pas les religions de gens, et non pas un État qui impose une tenue aux femmes.
  • L’absence d’escalators et d’ascenseurs dans plein de stations de métro [Paris]. Dont les stations des lignes desservant les gares et les aéroports. Dont même les stations des gares elles-mêmes. Sans parler des doubles puis triple protection anti-fraude installés durant les 30 dernières années. Voir les têtes décontenancées des touristes, les plaindre. Dans la 5e puissance du monde, 1ere destination touristique mondiale.
  • Le fait qu’on se mette que si récemment à mettre des systèmes qui permettent à des gens en chaises roulantes de prendre le bus [Paris]. Aller faire un tour en Suède, et se demander si le pays a subi une attaque nucléaire pour avoir autant de handicapés moteur (et de vieux) dans les rues. Comprendre que c’est juste que là-bas, ils ne sont pas enfermés chez eux, ils sont dans la ville avec tout le monde !
  • Dire demi-douzaine au lieu de 6. Inutilement pompeux et lourd. [14 mars, suite à mail reçu, que l’auteur ne m’en veuille pas]
  • La capacité à boire aussi facilement du mauvais vin tout en produisant les meilleurs. Râler contre la qualité du vin, faire semblant de s’y connaître (en cantine ou congrès scientifique). En redemander.
  • Ne pas facilement inviter à manger/prendre le thé à la maison (je n’ai jamais été en milieu pro en Turquie, mais je ne peux croire que ce soit comme ici face à une personne étrangère qui n’a pas de famille en ville).
  • Trouver de l’Evian dans tous les restos, très cher, mais jamais de Volvic. La faute aux circuits de distribution, à la puissance de Danone, sans doute.
  • Devoir se battre dans les cafés et restos pour avoir une carafe d’eau (parfois juste un verre d’eau).
  • Les Français qui disent sans entendre la bêtise de leurs mots « Faire un pays/une région » : « J’ai déjà fait le Vietnam, cette année je fais le Cambodge », « Nous avons fait le Canada », etc. Oui mais non, les mots ont un sens. Consolation : je ne suis pas la seule à être allergique à cette façon de parler. [29 avril 2013, pensé depuis au moins 5 ans]

(liste en perpétuelle révision évolution. Non, ce n’est pas traçable, si vous avez une meilleure solution, partagez-la)