Archives de Catégorie: enseignement

Quels outils numériques pour les SHS ? #enquête

(réponses organisées par fonction & publiées au fur et à mesure de leur arrivée) (dans xN, N est le nombre de fois qu’un outil à été cité, x est le signe multiplication 🙂

(nombre total de personnes ayant répondu : 11. Merci à @SubstanceM, @Jean_no, @louije, @ephore, @fheimburger, @inactinique @thierrystoehr @mXli1, @infoclio, @lmerzeau, @spouyllau)

Pour des activités qui constituent le cœur de métier du métier

Pour gérer/annoter/partager sa bibliographique :

Zotero (x8), grand champion de cette consultation. Sans doute un bon ‘marqueur’ des biais de cette étude 🙂

Pour faire sa recherche bibliographique :

Jstor « a digital library of academic journals, books, and primary sources. » (voir aussi Affaire Swartz contre JSTOR et JSTOR sur Wikipedia)

Gallica « Plus de 2,5 millions de documents consultables et téléchargeables gratuitement : livres, manuscrits, cartes et plans, estampes, photographies, affiches, revues,  » (x3)

Google Book = Google Livres (voir la page Wikipedia, ne pas passer à côté des controverses, notamment avec la BNF, ici par exemple) (x2)

Cairn « Revues de sciences humaines et sociales en texte intégral. » (x2)

Isidore « Accès aux données et services numériques de SHS » (voir la page WP) (x2)

Archive.org « The Internet Archive, a non-profit, is building a digital library of Internet sites and other cultural artifacts in digital form. Like a paper library, we provide free access to researchers, historians, scholars, the print disabled, and the general public. »

Revues.org : « plateforme de revues et collections de livres en sciences humaines et sociales, ouverte aux collections désireuses de publier en ligne du texte intégral. »

Persée « Site de numérisation rétrospective de revues françaises en sciences humaines et sociales. Texte intégral en mode image et mode texte (OCR). »

– Sudoc « Le catalogue du Système Universitaire de Documentation est le catalogue collectif français réalisé par les bibliothèques et centres de documentation de l’enseignement supérieur et de la recherche »

Pour l’archivage (oui ! certains chercheurs y pensent) :

– HAL-SHS (x2) « destinée au dépôt et à la diffusion d’articles scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, dans toutes les disciplines des sciences humaines et de la société. »

Pour des activités non spécifiques des chercheurs

Envoyer/recevoir des mails :

– Thunderbird (libre et gratuit) (x2)

Navigateur web :

– Firefox (libre et gratuit)

Traiter du texte :

– LibreOffice, OpenOffice (x2), Word ; ReText (éditeur plain text/mark-up) ; Emacs orgmode ; LaTeX

Veiller sur les sujets d’intérêt :

– Un lecteur de flux RSS (feu Google Reader, à remplacer par Feedly ?)

– Twitter o/

Traiter des photos :

– Gimp (alternative libre et gratuite à Photoshop)

Réseaux sociaux :

– Twitter (x4) (3 des 4 personnes qui l’ont cité n’ont pas précisé pour quelle fonction, alors je l’ai mis dans la meaningless catégorie de « Réseaux sociaux » (qui n’est pas un usage mais en permet de très nombreux)

Créer son blog :

– WordPress

Rechercher de l’information (et la compléter/organiser/corriger etc. ) :

– Wikipedia

Prendre des notes :

– Evernote « pour gérer mes lectures, notes en conf, notes en réunion et tout classer avec des tags » (x2)

Lire de façon « asynchrone et organisée » :

Instapaper « A simple tool for saving web pages to read later on your iPhone, iPad, Android, computer, or Kindle. »

Programmer :

– Un langage de programmation (x2) (Processing « …an electronic sketchbook for developing ideas. »,…) ; Arduino « Open-source electronic prototyping platform allowing to create interactive electronic objects. »

Parler à sa machine :

– Un shell

Pour visualiser un réseau :

– Gephi «  interactive visualization and exploration platform for all kinds of networks and complex systems, dynamic and hierarchical graphs. Libre et gratuit.

Pour faire de l’analyse de texte et plus encore

– Iramuteq : « Interface de R pour les Analyses Multidimensionnelles de Textes et de Questionnaires »

Quelques réponses qui donnent des « visions » du travail de chercheur :

Il me semble pouvoir lire dans ces 2 réponses, une façon de décrire de façon très synthétique le travail du chercheur en SHS :

Cette proposition me fait me dire qu’une façon de définir le travail du chercheur en SHS est le trio « lire les autres, écrire soi-même et diffuser ses travaux ». Dans la suivante, on pourrait dire que le travail de chercheur peut se définir par le trio « écrire, lire, coder » :

(Louis-Jean qui précise plus loin « et en l’occurrence, sur Mac, je dirais TextMate, BibDesk et Ruby »)

De la matière à réflexion !

 


Note : évidemment j’ai demandé à Twitter de NE PAS intégrer mon tweet auquel répondent mes correspondants, mais cocher ou décocher la case ne modifie pas le code à inclure, et intègre dans tous les cas mon tweet. Si vous avez une solution, je suis preneuse)

Notes sur Äkta Människor #realhumans #100%humains

Voici quelques notes de mon visionnage des 2 premiers épisodes de Äkta Människor (« Real Humans » en anglais, « 100% humains » en français). Quelques observations, beaucoup de questions (= mon style, normal).

Avertissement : je ne suis pas une adepte [des séries] comme j’en ai autant autour de moi, donc je ne n’en ai sans doute pas les codes. En particulier, je ne sais pas en parler sans raconter en partie ce qu’il se passe. Donc #spoileralert

Je précise aussi que comme quand je vais au cinéma, je n’ai rien lu sur la série avant de la voir. La campagne de pub insistante mais efficace d’arte m’a suffi à me décider. Donc je vous conseille d’en faire autant. Si vous aviez envie de lire des choses pour vous décider à voir ou non la série, mon conseil sera : voyez-là, vous ne perdrez pas votre temps. Et si au bout de 1h (= 1 épisode), ça ne vous a pas touché, eh bien vous n’aurez perdu qu’une heure, ça va.

Il se passe quoi ? #spoileralert #unpeulongdésolée

La série nous entraine dans trois histoires (1) qui se croisent.

Chez la Famille Engman. C’est une famille de classe moyenne supérieure avec 3 enfants (un ado de 16 ans, une fille de 14 et une petite de 5-6. A la louche, hein). La maman (Inger) est avocate, s’habille de façon très classe, et le père doit avoir un boulot du même genre de standing (ou supérieur). Ils vivent dans une belle maison de banlieue résidentielle. En quelques minutes, on nous brosse le tableau d’une famille heureuse mais dont les enfants aimeraient plus d’attention des parents, et les parents aimeraient tellement tout bien faire pour eux. Aider les devoirs du grand (Tobbe), aider la petite (Sofia) à faire des crêpes, lire une histoire au lit, etc. Ils sont débordés, désolés, mais on sent qu’ils sont cools aux cheveux punky de la fille du milieu (Mathilda). La mère est pourtant très opposée aux hubots, qui commencent à arriver chez tous les amis/voisins. Elle va finir par en accepter un sous son toit car son mari et les enfants insistent et qu’il est gratuit, offert en promotion par un vendeur redoutable lors de l’achat du nouveau hubot du père d’Inger. Ainsi arrive le hubot Anita et commencent les ennuis.

E2 D Anita et Inger

Anita (à gauche) et Inger.

Histoire annexe à celle-là, celle de Lennart, père d’Inger. On le voit conduit par son hubot au supermarché vieilli et mal en point. Le hubot va bugger et faire des bêtises. Il faudra en racheter un alors que le vieux monsieur était tellement attaché à son Odi et c’est comme ça que l’histoire se rattache à la famille Engman. Il y a donc 2 sous-histoires imbriquées dans cette partie.

Chez Roger et Therese, voisins mitoyens des Engman. On ne sait pas depuis quand Roger supporte que sa femme passe autant de temps avec son hubot Rick (que l’on voit principalement en train de dérouler un logiciel de coach sportif). Roger ne supporte pas les hubots. Il se sent envahi au boulot par eux (qui font des travaux d’ouvriers de manutention. Rigolo que des hubots ouvriers soient habillés comme des humains ouvriers…). Therese a un fils, Kevin, dont on apprend qu’il a été élevé par Roger qui l’aime (naturellement) comme son fils biologique (mais ne semble pas avoir de droits sur lui, comme ça pourrait être le cas lors de l’adoption). Therese finira par se barrer avec Rick en emmenant son fils et empêchant d’avoir un quelconque contact avec Roger. Roger n’arrête pas de cogner dans les hubots de son boulot, est sans cesse rappelé à l’ordre par sa hiérarchie, on le voit bien parti pour être chômeur, seul, aigri et alcoolique. Mais la série est ainsi faite que le spectateur est de son côté. Il y a donc peu à peu 2 sous-histoires : Therese, Rick et Kevin d’un côté, Roger de l’autre.

La cavale de quelques hubots, « les enfants de David ». La première scène où on les croise est assez palpitante, façon thriller. Les hubots semblent d’abord menés par un humain, Leo, mais ils se séparent rapidement quand le prioritaire pour Leo devient de retrouver Mimi, une hubot qui lui dit « Je t’aime » avant d’être sauvagement enlevée par des voyous qui se font de l’argent de revente de vieux hubots. Leo part d’un côté avec Max le hubot. Les 5 autres avancent avec leur cheffe au look effroyable (je ne sais pas si c’est l’effet recherché), autoritaire.

On nous fait partager les flashbacks de Leo. Il est enfant, et il y a toujours une hubot (celle du début). Il cherche désespérément à la retrouver, en exhibant une photo d’elle. Dont nous voyons (mais il ne le sait pas, #huhu) que c’est en fait la Anita de chez les Engman. On suit d’un côté la cavale par bois et églises des fugitifs (et c’est assez ennuyeux et monotone. Les enjeux sont d’une part, de ne pas se faire prendre par les humains (des flics spécialisés dans les hubots), d’autre part, de réussir à se recharger régulièrement. Et de l’autre, Leo et Max, et les lieux qu’ils visitent et la nature hybride (ou j’ai rien compris) de Leo sont un peu plus intéressants.

Il y a donc 2 sous-histoires dans chacune des 3 histoires. Quelle symétrie ;). En attendant que la 3ème histoire rejoigne inévitablement la 1ère (puisque Leo cherche Anita). Les 2 premières sont déjà liées.

C’est quoi ce monde, alors ?

C’est très proche d’aujourd’hui, avec une place pas délirante donnée au web et aux tablettes tactiles. Pas de voitures volantes, pas de super pouvoirs, pas de téléportation, pas de grosse mises en scène à la Minority Report (les images sur les énormes écrans transparents qu’on manipule avec des gants chelous, etc.), pas croisé de télé, je crois. Des tablettes type iPad avec des bords hyper épais et métalliques (bizarrement rétro comme look). Pas beaucoup de recherche de ces côtés-là. En fait on peut dire que le seul élément perturbateur de ce monde par rapport au notre (et ça suffit largement à poser beaucoup de questions et foutre la zizanie) : les hubots. Je dirais qu’on est dans un monde où ça ne fait que 5-10 ans que sont sortis les 1ers hubots et que leur démocratisation est encore plus récente (2-3 ans ?). Ils coutent encore chers, mais pas comme les poupées hyper réalistes qu’on trouve aujourd’hui autour de 5-6 000 euros (exemple doll story).

Ça se passe en Suède, mais ça pourrait être n’importe quel pays du monde occidental, avec quelques noirs (mais pas trop). Film assez refermé sur ses problèmes hyper locaux, pour le moment. Très soap, quelque part. Pas de gouvernement, de télé, de conflit intérieur ou international, le seul problème qui vient gêner ce monde paisible semble être les questions concernant les hubots : en avoir ou pas ; lutter contre ou pas (mouvement Äkta Människor…). Mais ce qui tombe bien, c’est que les hubots posent des questions universelles !

Et les hubots, donc 

Les hubots sont des robots bons à tout faire, des appareils électroménagers multifonctions (tâches ménagères, mais aussi faire la lecture aux enfants, les habiller, conduire la voiture d’un vieux, lui faire à manger et lui préparer ses médicaments, etc.) mais ils sont dans certains cas carrément des compagnons de vie, qui éclairent la vie d’un vieux monsieur tout seul, servent d’épaule pour pleurer, d’oreilles pour des confidences et se sentir entendu, voire, un compagnon sexuel, donc un vrai compagnon complet ! Et cela n’est possible (c’est mon hypothèse mais c’est évident, non ?) que grâce à leur apparence humaine réaliste, ce qui donne leur nom de hu-bots.

Ils ont une sorte de peau, des mouvements de type respiration (et même essoufflement quand ils sont fatigués /près de se décharger), une sorte de cerveau gélatineux bleu (parce que rouge, ça ferait vraiment trop ? (2)) , une sorte de sang qui (dont on ne sait pas s’il irrigue tout le corps), des ongles, des cheveux, des poils, des tétons/seins. Pas encore vu s’ils avaient quelque chose qui ressemble à des organes génitaux externes, mais vu les pratiques au Hubot Heaven, je pense que oui.

On ne dit rien sur la température corporelle des hubots, mais je pense qu’ils sont obligatoirement à la température de la surface des corps humains (35°C ?) car sinon, ils ne seraient pas agréables à toucher, et ça leur enlèverait une part de leurs fonctions sociales.

Un point intéressant et central de cette série est bien sûr la forme qui a été choisie pour les hubots. Je suis très heureuse d’avoir vu cette série après (des années après) avoir lu l’article de Jean-No sur son « dernier blog » (pas retrouvé le lien de l’article alors que je suis sûre que j’ai lu ça chez lui la 1ère fois de ma vie) qui m’a fait connaitre la notion d’inquiétante étrangeté de la vallée de l’uncanny. Oui, les hubots mettent un peu mal à l’aise, ils sont pile dans cette vallée, et cela permet à tout le scénario de se déployer. Rien de ce film n’aurait été possible (crédible) sans cette apparence précise de ces robots domestiques.

Chacun des hubots-personnages (j’exclue donc ceux qui font de la figuration, n’ont pas de nom, de rôle précis, sont interchangeables, font partie du décor) a un comportement précis, une façon d’être entre humain et robot. Rick est très crédible, par exemple, mais ses plissements de yeux et son sourire me font fait peur. Comme Vera, l’infirmière en gériartrie habillée en soubrette de Lennart, avec son inquiétant regard hitchcockien.

Le moins naturel, par exemple c’est l’ouverture soudaine de leurs yeux quand ils ont fini d’être rechargés (voir photos ci-dessous, avant et après).

E2 A yeux fermés 14.47.15 E2 A yeux ouverts 14.46.54

On pourrait presque penser que c’est un feature et non pas un bug-non-réaliste, pensé par les concepteurs des hubots dans le monde décrit dans le film, pour diminuer un petit peu, artificiellement (alors qu’ils auraient pu faire plus réaliste), ce sentiment de trop grande proximité qui caractérise l’inquiétante étrangeté dont j’ai parlé plus haut.

A ce stade, on ne sait pas encore (ou alors je n’ai pas compris ?) qu’est-ce qui distingue les hubots en cavale des hubots domestiques ? Ont-ils acquis la capacité de réfléchir par eux-mêmes, en dehors de toutes les situations prévues par leurs divers logiciels ? Ils seraient du coup en quête de liberté, comme des êtres humaines que d’autres êtres humains auraient réduit en esclavage, revendiquant une liberté légitime ? A comprendre dans les épisodes suivants. Car ils ne tuent des humains que ci ceux-ci les menacent physiquement (donc contrairement à des machines, ils ont un attachement à leur enveloppe corporelle. Les humains qui les chassent, qui ne tolèrent les hubots qu’à l’état de domestiques, se sentent-ils menacés par les hubots ? Menacés par cette bande de 4-5 qui aspirent juste à « vivre » « libres » ou menacés par un fantasmatique renversement de domination entre les hubots et les humains ?

Jeux d’acteur pour les hubots

Juste des perruques de cheveux artificiels, semble-t-il (3), sauf quand ils sont remplacés par des mannequins de type vitrine quand ils partent à la casse.

Le jeu des acteurs n’est pas trop surfait, ils n’ont pas des gestes saccadés qu’on ferait dans un jeu de mimes pour faire deviner un robot. Juste quelques raideurs mais pas trop. Juste quelques mouvements pas tout à fait fluides pour être totalement naturels. Donc un bon jeu d’acteurs (ceux qui me connaissent savent que j’aime les jeux discrets et sous-joués, plutôt à la nouvelle vague qu’à l’expressionnisme).

Pourquoi c’est intéressant ? 

Ca touche de vraies questions de société, des questions parfois universelles : la relation (et les droits ?) des beaux-parents qui ont élevé des enfants de leurs époux/ses/conjoint/e ; les parents qui travaillent et qui aimeraient avoir plus de temps pour faire des crêpes avec leurs enfants, leur lire des histoires, les amener à l’école, partager leurs secrets, avoir le temps de faire l’amour, de travailler et de dormir suffisamment ; dénoncer quelqu’un qui ne pourra pas se défendre pour sauver sa peau ou assumer ses fautes/maladie ; la liberté, l’aliénation de l’être humain par l’être humain, qui a quels droits et qui décide de ça, qu’est-ce qu’on peut faire faire à autrui et avec quelle contrepartie, etc.

Les situations ne sont pas caricaturales et simplistes, on n’a pas tout le temps envie de dire « Mais c’est quoi cette connerie ? Il n’a qu’à faire … et ça s’arrangerait, non mais vraiment je ne comprends pas pourquoi il n’a pas pris telle décision à tel moment », etc. Vous voyez le genre ou je suis la seule à m’énerver parfois ainsi devant de mauvais films ?

Quelques répliques/séquences remarquables

  •  « You can’t just buy a Kevin », crie Roger à Inger qui refuse de lui donner le nouveau numéro de téléphone de Therese parce qu’elle le lui a défendu. Il est révolté et plein de bon sens et sa lucidité donne cette belle réplique.
  • La copine de Therese qui vit ouvertement son amour avec son hubot Bo : « Les gens qui ne comprennent pas notre amour n’ont jamais été amoureux, ne savent pas ce que c’est ».
E2 B most loving man Ive ever met 14.17.37

La copine de Therese qui vit ouvertement son amour avec son hubot.

Détail significatif, quand on lui demande où elle a acheté son hubot, elle éclate de rire et répond : on s’est connu (rencontrés ? We’ve met) au hubmarket. Sous entendu : je ne suis pas allé l’acheter, il s’agit d’une rencontre amoureuse. On a envie de lui dire « Arrête tes conneries, c’est quand même un robot et toi tu étais cliente dans ce supermarché et lui, le produit en vente, et tu as payé, lui n’avait pas le choix », mais on est troublé par sa sincérité, et on ne peut pas si facilement l’envoyer balader ainsi

  • Chez Therese, comme le hubot Rick est devenu l’amant de la mère, c’est au fils de ranger la cuisine, et non plus au hubot dont on aurait pu penser que c’était la tâche première.
  • Kevin rejette le compagnon-hubot de sa mère, ou plutot le fait que sa mère semble perdre la tête, à essayer de remplacer son mari par son hubot, et donc forcer Kevin à oublier son père et le remplacer par le hubot-compagnon de sa mère. Therese a soudain une idée de génie : elle propose à son fils de passer du temps seul avec Ricky, pour qu’ils établissent enfin une complicité qu’elle pense leur manque. Kevin refuse.

La mère : « J’ai pourtant pensé…. » […que ça pourrait être bien]

Kevin : « Continue de ne pas penser ! »

E2 C keep on not thinking 14.16.12

Kevin

J’ai trouvé ça beau, même si j’ai eu un doute sur la traduction (est-ce qu’il dit vraiment ça en v.o. ?) (Épisode 2, min 43)

  • La panique de la maman (Inger) qui voit sa petite fille s’approcher de plus en plus du hubot Anita : elle est plus disponible, jamais fatiguée, ne dort pas, peut lire des histoires à l’infini. Le seul défaut d’Anita (et de tous les hubots ?), semble être de ne pas savoir mentir. Et du coup se faire accuse à tort. Et toute la famille se sent hyper bête quand ils se rendent compte qu’ils étaient en train d’accuser le hubot de service des fautes de la petite innoncente de la famille, comme à l’époque (et dans Victor ou les enfants…) on aurait accusé la bonne ou la belle-fille maltraitée à la Cendrillon. (Épisode 2, min 55)

Ma conclusion très provisoire (2 épisodes sur 10) 

La série pose donc de vraies questions, et a suffisamment de rythme et des personnages travaillés pour ne pas s’ennuyer. Pas encore trop téléphoné (c’est ce qui me fait fuire des mauvais films et séries). Ils ont poussé le concept jusqu’au bout, ont exploré tous les recoins, toutes les conséquences d’avoir introduit ces éléments perturbateurs dans ce monde, toutes les situations où la proximité (ressemblance ?) homme/hubot pouvait amener à des situations incongrues et inédites, et disons-le, sans solution simple.

Je pense donc que c’est un très bon outil pour poser des questions de société. Les poser, mais sans y apporter de réponse, ce qui est très fort et louable. Bon support pédagogique, pour un type de cours à inventer, comme de la philo à l’école. Qui m’en propose ? J’accepte !

— Notes

(1) pour le moment, peut-être qu’il y en aura d’autres, mais ça serait bizarre de ne pas les « installer » dans les chapitres d’ouverture, non ?

(2) Je ne peux m’empêcher de penser à cette « revue » (fanzine ?) féministe des années 90-2000, publiée le groupe Marie Pas Claires (j’adore le titre !) dont le sous-titre était : « Nos règles sont rouges. Si les vôtres sont bleues, vous regardez trop la télé ». De mémoire, avec toute mon affection et mon admiration, et mon regret de ne pas avoir vraiment milité avec elles ni avec aucun autre groupe féministe.

(3) Alors qu’on imagine qu’une société fabriquant des hubots peut aussi leur mettre des vrais cheveux, mais on peut penser que c’était important dans le film pour nous donner cette impression de vrai-faux, puisque les hubots allaient être joués par des  humains.

Message à la communauté enseignante de Sciences Po #pigeonsdevacataires

Voilà le mail reçu (il est en ligne ici) :

Les liens des réponses de Sciences Po : Introduction, 1ère et 2ème parties, 3ème partie.

Je n’ai pas eu le temps de vous détailler toutes les mésaventures que j’ai eues avec Sciences Po Paris depuis que j’y enseigne, j’en ai évoquées certaines sur twitter, mais la seule chose qui m’intéresse, car c’est la seule chose que je connais, c’est le scandale des vacations : l’institution repose sur un pool de volontaires attirés par le prestige de Sciences Po Paris qui sont prêts à accepter n’importe quelle condition pour y enseigner.

Ce qui ne peut que perpétuer le modèle. Et je le dis alors que j’ai fait partie du système. Tu crois toujours que tu vas pouvoir changer quelque chose quand tu es à l’intérieur. Et que tu connais bien le directeur scientifique. Mais en fait, non.

Ça commence à se voir par les étudiants : depuis qu’ils payent et grâce à la mobilité, ils comprennent qu’on se fout de leur gueule, qu’on brade tout, qu’on fait au moins cher. Ils me le disent quand je croise parfois des anciens.

Si un jour j’ai le temps, j’essayerai de détailler. Mais je n’y crois pas trop. Et vous non plus 😉

« Qui sont les plus grands scientifiques français vivants ? », me demande-t-on… #BientôtUnArticleIci

C’est encore une histoire qui commence par un tweet. Le tweet de départ a été effacé, mais on comprend l’idée avec les échanges qui ont suivi :

Quand j’ai arrêté de poser des questions et que j’ai accepté de me poser la question, voici les noms qui me sont spontanément venus dans la minute :

Bruno Latour
Pierre Sonigo
Pierre-Henri Gouyon
Michel Morange
Francoise Héritier
Dominique Méda
Yves Couder
Nilüfer Göle
Henri Atlan
Soraya Boudia
Nathalie Jas
Eric Fassin
Christine Delphy
Jean-Marc Lévy Leblond
Nadine Peyriéras
Priscille Touraille
Martin Andler
Le frère de Mathias Théry

Je vais argumenter chacun des noms. Et en rajouter quand ils me viendront peu à peu. Pas sûre que l’ordre soit à l’image précise de l’estime que j’ai pour ces gens dont je connais personnellement la plupart. Les biais sont énormes. Biais de remémoration car j’ai écouté Latour ce matin même. Biais de proximité disciplinaire (de Latour je suis passée à S. Boudia, d’elle à N. Jas, etc.).

Si je ne commence pas à publier les choses quand elles viennent, je ne les publie jamais. Alors maintenant, j’essaye cette modalité. Si c’est trop frustrant, faites-le savoir, je ferai un effort.

Quelques réflexions au sujet des devoirs de Sciences Po

Voici quelques réflexions que j’ai eu pendant la correction de 3 devoirs, deux questions rapides et un paper à faire à la maison, et que je viens d’envoyer à mes étudiants par mail.

Il s’agit du cours Grands enjeux scientifiques du début du 21e siècle de Jean-Yves Le Déaut et Geneviève Fioraso de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, que M.Le Déaut menait seul depuis 7 ans environ, un cours qui s’adresse à  80 étudiants de 2ème année. C’est un des cours « Humanité » qu’ils doivent choisir parmi un des 3 cours « scientifique » – les énergies, le cours d’Hervé This (« cours bizarre », m’ont dit les miens) – ou « littéraire » – »colors & culture » (hein ? ), « patrimoine » ou « métaphysique ».

Question 1 : A partir d’un ou deux exemples précis, indiquez votre appréciation sur l’évolution des rapports entre sciences, technologie, et politique en Europe. (15 lignes maximum) (notes obtenues : de 4 à 8 sur 10)

Le lieu commun le plus souvent rencontré a été de dire que les rapports entre sciences et politiques étaient « de plus en plus étroits » ces derniers temps, avec quelques variations dans les termes. La preuve donnée étant l’adoption du principe de précaution…Croisé également que l’influence de la politique est très importante sur la science par la législation « sinon ça serait n’importe quoi » (en gros). Et l’influence inverse ? Et l’usage d’arguments scientifiques ou scientistes dans des contextes politiques ?

J’ai pourtant aussi lu « le désintérêt pour la science caractérise notre époque ». Soyons sérieux, les amis. Essayons d’être précis dans les termes, et ne pas balancer ce qu’on croit être des évidences sans aucun recul ni forme d’analyse.

Évidemment, je préférais voir parler d’une « dépendance réciproque entre science et politique », approche beaucoup plus latourienne, et qui me parait de bon sens : les influences unidirectionnelles, c’est rare, et c’est toujours plus prudent de vérifier les deux directions avant de conclure. Dit par un autre étudiant, ça a donné « la science a besoin de politique (régulation…) et la politique de la science (expertise…) ». Et un autre questionne l’ « apparence » de deux sphères séparées, « jadis ». Recul, réflexivité, questionnement, on avance.

De même, sur le rapport entre la société et certains de ses membres (les chercheurs), c’était intéressant de remarquer qu’on peut parler de deux mouvements opposés : confiance et défiance, et tenter de les analyser.

Les exemples choisis couramment étaient : l’amiante, le sang contaminé, les OGM, les lois de bioéthique, le nucléaire, les nanos, le climat.

Vous avez beaucoup parlé du principe de précaution. J’étais très étonnée de lire dans une copie l’idée que ce serait les chercheurs qui auraient imposé (sic !) ce principe. Ça me parait difficile à illustrer…et difficile à expliquer/comprendre. Une forme d’anachronisme consistait à dire que c’est le principe de précaution qui avait fait de la science une question politique.

Je ne peux que vous encourager à lire le tout petit mais hyper dense et clair ouvrage de Dominique Pestre « Science argent et politique ».

Question 2 : À partir de l’exemple des lois françaises de bioéthique, dites s’il est nécessaire de légiférer en fonction de l’évolution des connaissances. Les lois de bioéthique doivent-elles révisées régulièrement ? (15 lignes maximum) (notes obtenues : de 4 à 9)

J’ai été hyper déçue de ne voir quasiment qu’un seul type de réponse : « Ah bah oui, il faut réviser souvent les lois de bioéthique, pour s’adapter aux progrès biomédicaux qui sont rapides ». Je vous la fais rapide, mais vous voyez ce que je veux dire. Aucun problème, la réponse est oui, et il y a plein d’exemples qui le prouvent, comme la vitrification des ovocytes ou les tests génétiques de dépistage. Mais si on vous pose la question, on peut se dire qu’on peut creuser un peu, non ? Essayer d’aller au-delà de l’évidence ? Regarder derrière, en dessous, au dessus, tourner l’objet dans tous les sens, le secouer un peu. Exercice intellectuel fertile, je pense. Juste pour voir si on tombe sur un truc un peu étonnant, paradoxal, perturbant.

Avant de commencer à lire vos copies, je m’étais posé moi-même la question. Peut-on trouver des contre-arguments à une révision régulière ? Est-ce vraiment justifié de dire que ces lois doivent être révisées régulièrement pour rester en accord avec la société…mais pas les autres lois qui règlent les relations entre les personnes, les entreprises et les États ? Rien ne bouge jamais dans tous ces domaines-là ? Come on ! Et ces révisions régulières suffisent-elle à garantir l’adéquation avec la société ?

Heureusement quelques étudiants sont allés au-delà de cette apparente évidence, ont nuancé, ajouté, discuté.

Oui, il faut réviser régulièrement, mais…

-… le rythme actuel de ces lois pourtant moquées de « biodégradables » n’est pas suffisant par rapport à la vitesse de mise à disposition des avancées scientifiques

-… pour une autre bonne raison de faire des révisions régulières (autre que les progrès prodigieux du domaine biomédical, donc) : c’est une façon de maintenir actif le débat sur ces sujets.

Et puis réviser régulièrement n’est pas suffisant, voire contre-productif :

– vu la non-ampleur de la révision de 2011 (« a minima »), ce n’était finalement pas tellement nécessaire, mais plutôt symbolique, ce ne sont pas les progrès scientifiques qui déterminent les révisions

– les révisions régulières ne constituent pas une garantie d’adéquation avec la société. Comment savoir ce que l’opinion publique souhaite ? Comment ne pas être trop influencé par les groupes de pression et lobbies ?

– pire, ça peut être source d’incertitude et d’inconfort, perdre en lisibilité pour les chercheurs et pour le public général.

Mais alors que faire ?

Un/e étudiant/e a conclu sur le fait que l’enjeu était de faire un compromis entre la protection des personnes et la recherche (qui in fine sert aux personnes).

Ces étudiants ont sans doute réussi à s’étonner du sujet, et ne pas foncer la tête la première dans la réponse qui leur parait évidente. Une bonne façon d’aborder les études et la vie, je dirais.

Dernier point qui me chagrine : j’ai lu dans une copie « S’il n’y avait pas de lois, les chercheurs n’auraient aucune contrainte, aucune limite, aucun interdit, ce qui pourrait être néfaste pour l’homme ». Vous ne pensez pas tous ça, rassurez-moi ?

Le paper : La globalisation des processus d’innovation et la mondialisation des développements technologiques contribuent-ils à réduire ou à accroître les écarts économiques et sociaux dans le monde ? Vous traiterez ce sujet selon le plan qui vous paraît le plus judicieux en vous appuyant sur des exemples précis. Le mémoire ne doit pas dépasser 15 pages dactylographiées. Il doit notamment la définition de l’innovation, les principaux champs thématiques d’application, les effets et conséquences du progrès scientifique et technologique, les freins à l’innovation, les modes de gouvernance et le recours à l’expertise, la différence de perception au niveau international des questions relatives aux risques et à la précaution.

Notes obtenues : de 15 à 27 sur 30.

Concernant les papers, je ne ferai pas trop de remarques ici sur le fond. En gros, il ne fallait pas, selon moi, oublier de traiter certains aspects du sujet (je suis d’accord, le sujet était hyper large…). Ont le plus souvent été oubliées les questions de perception des risques et d’expertise…ainsi que parfois la définition même de l’innovation.

C’était bien aussi de ne pas parler uniquement d’économie, mais penser au développement social.

Également, ne pas oublier de traiter les inégalités entre les pays et celles au sein même des pays.

Le plan le plus simple et donc le plus courant a été de traiter d’un côté en quoi les innovations technologiques étaient facteurs d’inégalités, et d’un autre, en quoi ces mêmes innovations pouvaient participer à combattre les inégalités. Mais quelques plans plus originaux se sont fait remarquer. Je n’ai pas attribué de grande importance aux plans, ce n’est pas un cours de méthodo. J’étais surprise et contente de voir que le célèbre plan en deux parties n’était finalement pas une crispation chez les étudiants.

Dans la forme, je tiens à vous faire quelques remarques, car après tout, je ne sais pas si on vous enseigne tout ça (j’ai demandé sur twitter, j’ai eu des avis divergents…). Je ne vais signaler ici que les erreurs que j’ai vues le plus couramment.

Tout d’abord, le format des devoirs. Sur 38 devoir reçus, il y avait seulement 17 documents en format PDF, 20 devoirs sous des formats Word (5 .doc et 15 .docx), et 1 devoir en 2 versions : .pdf et .docx (#principedeprécaution). Le problème d’envoyer un fichier Word n’est pas seulement de faire l’hypothèse que j’ai acheté (ou piraté, pas mieux) ce logiciel propriétaire pour le lire (on est d’accord qu’en pratique, ce pari est peu risqué), mais il ne s’agit pas que de ça. Toujours préférer les formats ouverts et libres. Les raisons sont . Lire aussi mon ami Bastien Guerry icipour élever un peu le débat.

Un truc de base : on ne met pas de point à la fin d’un titre. Que vous utilisiez des phrases avec un verbe conjugué dans vos titres ou pas, essayez de vous y tenir pour l’ensemble du devoir, dans un souci de cohérence et parce que c’est plus agréable à lire. Évitez les titres trop alambiqués (et d’une manière générale, les phrases trop alambiquées).

Les références de bas de page ne sont pas indispensables mais très pratiques et très bien vues. Donc apprenez à vous en servir sans plus tarder. Les notes de bas de page ne dispensent pas de bibliographie en fin de devoir. Toutes les références citées dans le texte doivent être précisées (auteur, titre de l’ouvrage ou de l’article, date, etc.). Je vous conseille à cet usage d’utiliser Zotero, outil libre et facile de gestion et partage de bibliographie.

Il manquait parfois des phrases/paragraphes de transition ainsi que des phrases de conclusions provisoires : n’ayez pas peur d’être lourd, ça facilite amplement la lecture et permet de suivre votre raisonnement.

Numéroter les pages de son devoir, c’est bien pratique aussi.

Le texte de vos devoirs doit être justifié et non pas aligné à gauche (je n’ai pas vu d’alignement à droite, dieu merci). Ne me demandez pas pourquoi, c’est comme ça.

Toutes les figures insérées dans votre devoir doivent être numérotées, avoir un titre, une source et si possible une petite légende. Je suis très favorable à l’usage de tableau/cartes/schémas dans les devoirs, mais il ne suffit pas de les insérer, il faut y faire référence dans le texte, l’exploiter, sinon, ça ne sert qu’à faire joli et remplir de l’espace.

D’une façon générale, tout ce que vous affirmez doit être argumenté et sourcé. Les sources ne sont pas que les livres et les articles, vous avez pu citer d’autres cours que vous avez eu, et c’était très bien.

J’ai valorisé les exemples nombreux, précis, pertinents et bien exploités (savoir en tirer quelque chose de plus général). À vous lire, on dirait qu’on vous apprend à Sciences Po à soigner l’incipit, et c’est assez agréable à lire. De même, vous avez souvent fait un effort d’ouverture dans la conclusion, et c’est très bien.

Pour en savoir plus et pour bien écrire, il y a beaucoup de ressources sur internet, voici quelques suggestions :

Sur la typo :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Typographie

https://www.typographie.images-en-france.fr/

https://www.guide-typographie.com/index.htm

https://jacques-andre.fr/faqtypo/lessons.pdf

Sur les sources et notes de bas de page (c’est un sujet compliqué, mais commencez simple) :

https://www.unige.ch/biblio/ses/pop_ressources_itineraire_citations.html