Archives de Catégorie: féminisme

Istanbul Feminist Collective à Erdoğan : « We do not care about fıtrat ! »

ça tourne actuellement par mail, je ne vois pas de site où c’est publié1, alors je décide de le publier

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Erdoğan is right! We do not care about fıtrat2 !

One day before 25 October Erdoğan made a statement about the difference of nature or disposition (fıtrat) between women and men. Previously, he had stated that he did not believe in equality between women and men due to their dispositions. We replied to this statement by saying that “the more you tell us not being equal with men, the more we get killed.”

On the International Day for the Elimination of Male Violence against Women we have a lot to say about what we have gone through in the last twelve months. Erdoğan’s words one again clearly depict what we are living in.

By using the term fıtrat Erdoğan naturalizes gender roles as if these were an unchangeable law. According to this, women are supposed to get married, do the housework, bear children, and carry out child and elderly care. Also, women are expected to join the labor market only through jobs that fits them, that is jobs that are ‘feminine’, preferably part-time, flexible and insecure.

Male violence against women is the outcome of actual inequality between genders. Men apply violence to women to control women’s bodies, labor, and identities and to consolidate their authority. There are many forms of violence: Men slap us, kick us, humiliate us, and forbid us to work, harass us verbally, rape us, and hinder our success at work. Violence sometimes starts with a slap, at other times with a humiliation or a simple “I don’t want you to see those people” and sometimes ends with the killing of the woman.

Once the gender roles are fixed, it is forbidden to leave the marked territory. By offering fıtratas an excuse in a country where femicide is a daily routine, Erdoğan becomes the perpetrator of women killings. He legitimizes the punishment and the killing of women.

It is this very state which insists on fıtrat, protects the family rather than the women with its showpiece laws, looks for the consent of women in cases of rape, releases verdicts of “unjust provocation” and supports the ISIS which has given a rape fetwa against women.

Erdoğan is right. We do not care about fıtrat. We reject the gender roles imposed on us by the patriarchy. We do not think that we have to bear children simply because we can. Nor do we think that we should carry out child care once we have. We know that family is not the only means to exist and different solidary forms are possible. We never lose our faith in a world where women and men are equal. We fight for equality, justice, and freedom.

The only way to achieve real justice, not male justice, is equality. It is obvious that the statements and policies which are based on the idea that women and men cannot be equal represent an attack on women’s freedom. Therefore, we make a call for more women’s solidarity and organized struggle against the policies of the President Erdoğan and the AKP which sharpen gender inequality.

Long live our feminist struggle!

Istanbul Feminist Collective (feministler chez gmail point com)

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  1. publié sur Facebookhttps://www.facebook.com/istanbulfeminist/posts/376961839135125 []
  2. An Arabic word with Islamic roots which describes the ‘pure’ and ‘natural’ human disposition. []

Ceci n’est pas un fait divers #justanothermankilledwifestory

Quand je vois un tel titre :

Paris : une jeune Brésilienne poignardée à mort en pleine rue jeudi soir

Capture d’écran 2014-03-16 à 11.45.00

je me dis merde alors, Paris est en fait une ville dangereuse, tu peux te faire poignarder en pleine rue un soir !? C’est pas du tout le sentiment que j’ai depuis 20 ans que je vis dans cette ville, dans 5 arrondissement et 2 rives différentes !

Et puis je me dis « Paris a beau être une ville sans histoire, si tu lis Le Parisien, en fait il y a sans doute plein d’histoires de ce genre,… » et le bavardage continue ainsi dans ma tête…

…et pendant ce temps je commence à lire l’info…et là, surprise :

Capture d’écran 2014-03-16 à 11.48.40

 

Une femme a été poignardée mortellement, ce jeudi 13 mars, vers 22 heures, rue Olivier-Métra dans le XXe arrondissement à Paris. Selon les premiers éléments de l’enquête, la victime, de nationalité brésilienne et âgée de 28 ans, aurait eu une dispute avec son ex-compagnon. Ce dernier, armé d’un couteau de cuisine, lui a ensuite porté plusieurs coups dans le dos.

Très grièvement blessée, la jeune femme est décédée une heure après son agression. Avant de succomber, elle aurait eu le temps de confier à un témoin de la scène le nom de son meurtrier. Ce dernier, âgé de 34 ans, domicilié dans le XXe arrondissement, est activement recherché par les enquêteurs du 2ème district de police judiciaire, en charge de cette affaire.

 

Ce n’est donc pas du tout une question d’insécurité, je n’aurais pas pu tout à fait être à la place de cette femme si je passais par là, c’est pas un coup de couteau perdu, un déséquilibré, un délinquant ou rien de la sorte, c’est une histoire personnelle qui concerne deux personnes, un type qui tue son ex compagne. À la rigueur, c’est rassurant pour moi (et pas de bol pour elle), j’ai pas à ce que je sache de tel type dans mon entourage, c’est bon…. #OUFF

…Sauf que là aussi, nouveau problème : on n’a pas le droit non plus de dire c’est juste « une histoire personnelle qui ne concerne que deux personnes précises et ne me concerne pas moi » à partir du moment où ce pattern (les hommes qui tuent/blessent leur femme/compagne actuelle/passée/en train de rompre, c’est beaucoup trop courant de par le monde et depuis trop longtemps pour qu’on ne se sente pas concernée ! Chaque femme court mathématiquement ce danger (on doit pouvoir calculer la probabilité moyenne pour une femme de se faire agresser par un ex) ! Et ce danger est beaucoup plus important, surtout, que de se faire agresser par un inconnu/déséquilibré/délinquant (ça aussi ça doit pouvoir se calculer)1

#gloups #NousVivonsDansUnMondeMerveilleux

  1. et on peut se battre longtemps sur les méthodos précises de calcul, quels chiffre on prend en compte, si je suis concernée par une moyenne calculée au niveau mondial, ou si on doit la faire par pays, par région, par ville, par âges des victimes, par statut marital, etc. Jusqu’à ce qu’on n’arrive plus rien à calculer du tout si on se « différencie » trop de la population : « Oui mais moi je ne suis pas dans tel cas, … », etc. []

Où sont les femmes dans le numérique ? #invisibilité

Hier dans l’émission Place de la toile sur France Culture, nous avons entendu l’ami Jean-No se livrer à son autobiographie numérique, « exercice un peu étrange de l’autobiographie numérique, où il s’agit de raconter sa vie sous l’angle de sa relation aux ordinateurs, à l’informatique et à l’Internet, bref au numérique. »

C’était tout à fait intéressant. De l’attendu, du moins attendu, des détails sur l’enfance de Jean-No, de la relation à son père, des Science et Vie qu’ils lisaient en famille, son 1er ordi, le nombre d’ordis chez lui, son boulot de programmeur plus qu’artiste, d’aideur plus que d’auteur.

Nous avons aussi appris à l’occasion, de l’aveu de Xavier de la Porte (@xporte sur Twitter), que cette rubrique de l’émission n’a pour le moment invité que des hommes (« Le point commun de tous ces gens (en plus d’être des hommes, ce qui ne m’honore pas, je le confesse… « ). De fait de cet aveu, je ne peux plus vraiment faire un procès à @xporte (chez moi, faute avouée est à 200% pardonnée ; tandis que faute pas avouée, je suis très énervée), mais je voulais comprendre quand même.

Alors je lui ai demandé via Twitter comment ça s’était exactement passé :

La liste des invités, d’après la page du tag « autobiographie numérique » , dans l’ordre anté-chronologique : Daniel Schneidermann, François Bon, André Gunthert, Tristant Nitot, David Dufresne. Je ne sais pas si je les aurais qualifiés de « personnalités connues de l’Internet français, sans l’être forcément du grand public. » J’ai l’impression que Daniel Schneidermann est surtout un personnage connu de la télé (le bon vieux Arrêt sur image sur la Cinquième (puis France 5) de 1995 à 2007, puis sur internet depuis que la chaîne a arrêté l’émission) et des journaux (Le Monde avant d’être viré sous prétexte d’un article qui demande à la rédaction de répondre aux attaques de Péan et Cohen ; puis Libération depuis) (pour en savoir plus, la page WP de Daniel Schneidermann), plus que de l’internet mais chacun doit avoir sa propre perception, en fonction notamment de son âge et de sa pratique de ces différents médias. 

Jean-No serait donc le 7ème invité. Cette rubrique n’est pas encore trop vieille, et l’animateur a l’air de demander de l’aide :

…alors aidons-le ! Mais en attendant que @xporte nous dise comment ça s’est passé exactement, je me suis mis à sa place : comment j’aurais fait si je devais trouver des invités intéressants à mon émission ?

Comment trouver des femmes ?

On peut demander aux invités. Rien de tel que la co-optation. Les gens se sentent valorisés, de faire partie d’un club sélect. Je suis sûre que Daniel Schneidermann, François Bon, André Gunthert, Tristant Nitot, David Dufresne ou Jean-Noël Lafargue ont plein de noms à conseiller chacun s’ils y mettent un peu de bonne volonté (qui oserait en douter ?).

On peut demander sur Twitter. On est plein. On aime le numérique. On RT. On crowdsource.

On peut demander aux associations et réseaux informels. Par exemple à Girlz in web « réseau des professionnel-le-s du digital et des nouvelles technologies.  »

On peut demander sur les chan IRC. Y en a plusieurs de féministes, forcément plein qui parlent de numériques ou de ses différentes sous-catégories (art numérique, littérature numérique, etc.)

On peut assister à des événements concernant le numérique/le web/l’informatique, à La Cantine, conférences, on peut lire les rubriques techno des journaux/contacter les journalistes, on peut aussi naviguer de liens en liens (effet boule de neige).

[insérer ici d’autres idées que j’espère voir en commentaires]

Voici quelques pistes de « femmes connues de l’Internet français, sans l’être forcément du grand public »

Y a des femmes au Conseil National du Numérique

Au Conseil National du numérique, sur les 4 membres du bureau, il y a 1 femme. Valérie Peugeot.

Mais sur les 25 autres membres, 13 sont des femmes : Nathalie Andrieux, Virginia Cruz, Marylène Delbourg-Delphis, Marie Ekeland, Virginie Fauvel, Audrey Harris, Laurence le Ny, Sophie Pène, Nathalie Bloch-Pujo, Lara Rouyrès, Cécile Russeil, Nathalie Sonnac, et Brigitte Vallée. Ça laisse le choix.

Y a des femmes chez Silicon Sentier

Chez Silicon Sentier, « Association parisienne, soutenue par la ville de Paris, regroupant des sociétés en technologies open source, réseaux, le Web ou la mobilité. »

Membres du CA : 4 femmes (0 membres d’honneur, et seulement une trésorière au bureau…). Mais la déléguée générale est Marie-Vorgan Le Barzic (absente de la page Gouvernance et statut…)…

Y a des femmes qui font de l’art numérique

Y a au moins Albertine Meunier et c’est bien chouette

Y a des femmes qui codent et dont c’est le métier

Y a au moins Sylvie Tissot, chez Anabole

Y a des femmes qui enseignent les humanités numériques

et même que vous en lisez une

Y a des femmes qui se posent des questions sur les jeux vidéos

Y a au moins @MarLard et ça a fait beaucoup de bruit y a pas si longtemps que ça

Y a des femmes qui font de la recherche en informatique

Y a au moins Clémence Magnien au LIP6 à Paris

Y a des femmes qui utilisent des outils numériques pour comprendre l’histoire

Y a au moins Claire Lemercier, voir sa page de profil au CSO et sur Wikipédia

Y a au moins ces femmes, donc y en a plein d’autres ! À vos commentaires !

P.S. Croyez-moi j’aurais préféré ne pas avoir à écrire cet article. J’aurais préféré que la question ne se posât pas du tout, ou que des hommes aussi se sentent concernés. Mais voilà, il faut donc en 2013 encore et toujours être féministe. Féministes tant qu’il le faudra. Merci quand même aux garçons à qui j’ai demandé des noms et qui m’en ont trouvé quelques-uns, très vite. Je les laisse finalement les ajouter en commentaires 🙂

P.P.S. Et puis pourquoi je fais/on fait le boulot de documentaliste à titre gratuit ? Sortir de la facilité, c’est aussi du boulot. À faire par ceux qui sont payés pour !

P.P.P.S. Inviter des femmes dans ces occasions, c’est faire qu’il y ait plus de « personnalités connues de l’Internet français ». #CercleVertueux

P.P.P.P.S Liens qu’on m’a signalé sur Twitter :

Ces femmes françaises d’influence dans le secteur IT dans le Journal du net du 24/01/2014