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Istanbul Feminist Collective à Erdoğan : « We do not care about fıtrat ! »

ça tourne actuellement par mail, je ne vois pas de site où c’est publié ((publié sur Facebookhttps://www.facebook.com/istanbulfeminist/posts/376961839135125)), alors je décide de le publier

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Erdoğan is right! We do not care about fıtrat ((An Arabic word with Islamic roots which describes the ‘pure’ and ‘natural’ human disposition.)) !

One day before 25 October Erdoğan made a statement about the difference of nature or disposition (fıtrat) between women and men. Previously, he had stated that he did not believe in equality between women and men due to their dispositions. We replied to this statement by saying that “the more you tell us not being equal with men, the more we get killed.”

On the International Day for the Elimination of Male Violence against Women we have a lot to say about what we have gone through in the last twelve months. Erdoğan’s words one again clearly depict what we are living in.

By using the term fıtrat Erdoğan naturalizes gender roles as if these were an unchangeable law. According to this, women are supposed to get married, do the housework, bear children, and carry out child and elderly care. Also, women are expected to join the labor market only through jobs that fits them, that is jobs that are ‘feminine’, preferably part-time, flexible and insecure.

Male violence against women is the outcome of actual inequality between genders. Men apply violence to women to control women’s bodies, labor, and identities and to consolidate their authority. There are many forms of violence: Men slap us, kick us, humiliate us, and forbid us to work, harass us verbally, rape us, and hinder our success at work. Violence sometimes starts with a slap, at other times with a humiliation or a simple “I don’t want you to see those people” and sometimes ends with the killing of the woman.

Once the gender roles are fixed, it is forbidden to leave the marked territory. By offering fıtratas an excuse in a country where femicide is a daily routine, Erdoğan becomes the perpetrator of women killings. He legitimizes the punishment and the killing of women.

It is this very state which insists on fıtrat, protects the family rather than the women with its showpiece laws, looks for the consent of women in cases of rape, releases verdicts of “unjust provocation” and supports the ISIS which has given a rape fetwa against women.

Erdoğan is right. We do not care about fıtrat. We reject the gender roles imposed on us by the patriarchy. We do not think that we have to bear children simply because we can. Nor do we think that we should carry out child care once we have. We know that family is not the only means to exist and different solidary forms are possible. We never lose our faith in a world where women and men are equal. We fight for equality, justice, and freedom.

The only way to achieve real justice, not male justice, is equality. It is obvious that the statements and policies which are based on the idea that women and men cannot be equal represent an attack on women’s freedom. Therefore, we make a call for more women’s solidarity and organized struggle against the policies of the President Erdoğan and the AKP which sharpen gender inequality.

Long live our feminist struggle!

Istanbul Feminist Collective (feministler chez gmail point com)

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Que se passe-t-il en Turquie depuis le 17 décembre 2013 ?

Plutôt que de remettre à jour ma sélection de liens et de sources entre mai et juillet 2013, voici de nouveaux liens/articles/etc.

Ce qu’il s’est passé depuis le 17 décembre 2013 : chronologie

Dans les très grosses lignes, pour faire simple (et rapide).

[Mardi 17 décembre] [Début de la crise actuelle] Des policiers ont débarqué chez une cinquantaine d’hommes d’affaire et les fils de 3 ministres. Ils ont « découvert » (mise à jour samedi 28 déc.) chez Süleyman Aslan, le directeur général de Halkbank, une importante banque publique (qui est une des 2 habilitées à envoyer de l’argent vers l’Iran, voir l’explication du montage compliqué ici) des grosses sommes d’argent dans des boîtes à chaussures. Pas moins de 4,5 millions de Dollars. Pas mal, hein ?

[Semaine du 17 au 24] [Erdogan, la riposte] La défense (attaque) du premier ministre (PM) R.T. Erdoğan (RTE) a été double :

  1. Déclarer que c’est un complot international et/ou le coup d’un État dans l’État« a movement with branches in Turkey. I will not discuss their identity. You all know who they are » et
  2. Virer tous les flics en charge du dossier mais surtout le procureur qui donnait les ordres, procureur de la République (il y en a un seul tout en haut en Turquie ??) [help welcomed]. La purge a concerné des centaires de policiers, dont de très hauts placés, soupçonnés d’être proches du mouvement Gülen. D’ailleurs RTE était très fâché que les policiers aient fait des actions sans le prévenir. Qu’on s’organise, quoi, bon, c’est vrai.

Par État dans l’État il désigne les hommes de Fethullah Gülen, « une confrérie musulmane » très particulière (voir les articles de fond ci-dessous). Depuis, tous ces discours accusent la justice de vouloir trop d’indépendance, voire de vouloir écraser le politique/l’exécutif. La séparation des pouvoirs, c’est pas son fort, il faut dire.

Par complot international, il vise en général Israël, les États-Unis, etc. Usual suspects.

[Samedi 21 décembre] Rassemblement à Kadiköy (Istanbul). Prévue avant les événements, la manifestation  concernait la défense d’Istanbul, des espaces verts, des logements sociaux, de préserver les quartiers d’une gentrification forcée etc. Mais évidemment les slogans et les boîtes à chaussures font référence au récent scandale.

[Mercredi 25 décembre] Deux des 3 ministres (Ministre de l’économie Zafer Caglayan, Ministre de l’intérieur Muammer Güler) dont les fils sont directement impliqués dans les affaires de corruption ont démissionné. Le 3ème (Erdogan Bayraktar, le plus proche du PM) ne l’a fait que quelques heures plus tard, sous la pression du premier ministre dit-il, et en précisant que le PM aussi (surtout ?) devrait démissionner. Choquant.

[Jeudi 26 décembre] [Le procureur en charge du dossier corruption est viré] Le procureur Muammer Akkaş a fait une déclaration écrite à la presse, que la justice était sous pression, que des preuves étaient dissimulées/détruites (à cause de fuites organisées vers la presse), que ses ordres (de réquisition, d’arrestations, etc.) n’étaient pas appliqués par la police, et…qu’il était viré ! Le dossier de corruption est ainsi passé dans les mains du  procureur général d’Istanbul (Başsavcı) Turan Çolakkadı. Ce dernier s’est empressé de dire à la presse que M.Akkaş racontait des bobards, et qu’aucun des 200 procureurs du rang de Akkaş ne pouvait ouvrir de procédure sans en référer à lui. Bonjour l’ambiance chez les procureurs.

[Jeudi 26 décembre] [Remaniement ministériel] Le PM remplace 10 ministres, soit le tiers du gouvernement.

Le fils du PM aussi est recherché. Mais introuvable. #Wokay.

[Vendredi 27 décembre] Réunion et déclaration du Hakimler ve Savcılar Yüksek Kurulusorte de haute cour des juges et des procureurs (22 membres) dont le président est le ministre de la justice : la justice n’est plus indépendante, ça va pas du tout. En gros. Réponse du PM, en substance : « Si j’en avais les moyens, je jugerai cette cour car elle a commis une grosse faute. Alors qui va la juger ? Le peuple va la juger ! » Tout va bien.

(mise à jour dimanche 29 déc.) « Annulation par le Conseil d’État du décret qui met fin au secret de l’instruction » (France Culture).

[NOUVEAU] Mais alors pourquoi tout ça maintenant ?

Alors que l’AKP, parti au pouvoir, et le mouvement de Gülen étaient en bons termes et faisaient (voir le soutien de Gülen à l’AKP lors des élections depuis 2002), pourquoi ce soudain revirement ?

Deux principales hypothèses sont avancées par les observateurs, comme on dit.
1. Le gouvernement AKP vient de signer en mars 2013, un cessez-le-feu avec le PKK, bras armé du mouvement kurde, mettant fin à une guerre de près de 30 ans. Le mouvement de Gülen, plus nationaliste (ou pour une autre raison ? Les différends entre Gülen et Erdogan ne sont pas clairs pour moi), s’est montré critique contre ces accords, voire s’y oppose. A donc ainsi montré son désaccord en mettant le gouvernement dans l’embarras.
2. Le gouvernement a récemment entamé une procédure visant à la fermeture des dershane, écoles privées de préparations aux examens nationaux [mais pourquoi ?], or ces écoles sont largement détenues par le mouvement Gülen et constituent donc une source de financement importante pour eux. De la même façon que dans la 1ère hypothèse, ils auraient voulu montrer leur force.

Pour suivre en direct le soir du 27 décembre 2013

  • Livestreams :

https://www.livestream.com/revoltistanbul

[TR] https://www.halkizbiz.com/gundem/istanbullular-yagmaya-talana-karsi-yeniden-taksimde-h6080.html (live + actus en direct)

[TR] https://www.livestream.com/revoltistanbul

[TR] Hürriyet https://webtv.hurriyet.com.tr/hurriyettv-canli-yayin.aspx

[TR] Capul TV https://capul.tv/ (ça parle beaucoup en turc) (il faut cliquer sur le lien en haut à gauche de l’écran noir, sous Mac, ça lance QuickTimePlayer…)

  • Les comptes Twitter :

[TR] @15MBcn_int (photos de la manifestation)

[TR] @sendika_org (et notamment les photos : https://twitter.com/sendika_org/media)

[TR] @TaksimDayanisma, « Solidarité Taksim », le compte officiel de la coordination de 128 assos  structures organisatrices des manifs depuis mai ; ont appelé à un rassemblement à 19h ce soir à Taksim « pour user de notre droit démocratique à faire une déclaration de presse pacifique et publique contre les pillage, la corruption, les saccages, la violence » (traduction à la volée par moi) :

Puis, devant la violence de la répression policière à l’accueil des premiers arrivants, ont déclaré (via Twitter) qu’aucune déclaration ne serait faite avant la fin de la violence policière :

Puis ont rappelé que « l’article 34 de la Constitution turque permettait à quiconque de se réunir et de manifester, sans autorisation préalable, sans armes et sans violence » :

[TR] @TaksimGeziParki koruma ve güzellestirme dernegi

[TR] @ayagakalktaksim qui veut littéralement dire « Lève toi Taksim », « un des comptes principaux de la résistance, ne publie aucune info non certifiée » (pas mal de photos)

  • Les hashtags à suivre

#direngeziparkı #occupygezi #direntürkiye #Taksim #Istanbul  #occupyIstanbul #OccupyTurkey

  • Facebook :

[TR] https://www.facebook.com/www.sendika.org

Articles de fond en relation avec les récentes affaires

[FR] Entre mysticisme et politique, le mouvement de Fethullah Gülen en Turquie par Bayram Balci, le 25 octobre 2013, sur le site du CERI de Sciences Po, clair malgré quelques fautes de français https://www.sciencespo.fr/ceri/fr/content/entre-mysticisme-et-politique-le-mouvement-de-fethullah-guelen-en-turquie

[EN] Fethullah Gülen’s Hizmet movement https://www.bbc.co.uk/news/world-13503361

[FR] Qu’est-ce que la néo-confrérie Gülen, Etat dans l’Etat turc, et épine dans le pied d’Erdogan ? par Ariane Bonzon, journaliste, le 23 décembre 2013  https://www.slate.fr/story/81495/gulen-etat-turquie-erdogan

[EN] The Filth in Erdogan’s Closet, by Andrew Finkel, 27 dec. 2013 https://mobile.nytimes.com/2013/12/28/opinion/the-filth-in-erdogans-closet.html?from=opinion

Articles d’informations/reportages

[EN] Turkey fraud probe: Tip of the iceberg?, 27 dec. 2013 https://www.aljazeera.com/programmes/insidestory/2013/12/turkey-fraud-probe-tip-iceberg-2013122773052727565.html

[EN] Corruption Scandal Is Edging Near Turkish Premier, by Tim Arango, 25 dec. 2013 (complet, long)  https://www.nytimes.com/2013/12/26/world/europe/turkish-cabinet-members-resign.html

[FR] [radio] La matinale de Marc Voinchet sur France Culture du lundi 30 décembre portait notamment sur les récents événements en Turquie, avec la participation de Dorothée Schmid et Jean-François Bayart. À écouter ici ( 7h40/7h56) et ici (8h19 et 8h30) (et entre les 2, le très contournable Brice Couturier qui explique en quoi le modèle turc a du plomb dans l’aile)

Merci à @SamyRabih pour sa précieuse aide pour rassembler ces liens et me soutenir le moral à distance.

Tomorrow in the battle think about me : le témoignage d’un écrivain italien à Istanbul #occupygezi

Tomorrow in the battle think about me

 Like blind people touching each other without realizing they’re brothers

First there was black smoke. Then white. But the Pope didn’t show up. In his place, however, some tanks appeared at the horizon. The gas fired by the police got mixed with the fumes of the barricades on fire. Another day of ordinary madness here in Gezi Park. Istanbul. Turkey.

After all, if the “insurgents” had some brains they would have left the waves of protest to sail on calmer waters. But who makes them take the risk, if not of kicking the bucket, at least of being hit with a truncheon every time they take to the streets? What is it that drives their desire to cling to that piece of land, called Gezi Park, like roots to the trunk of a tree? Where does this force of rebellion against a Prime Minister, democratically elected by the 49.9% of citizens, come from?

So many questions, huh. If you continue reading, I’ll try to provide some answers. My answers, since I don’t own the truth. To be honest, I’m a pretty unskilled analyst. My wife told me so and I have to admit that, for once, I agree with her. I didn’t get it right. I thought I lived in a country that wasn’t exactly democratic – in the sense of the signifier, not the signified – but moderately illiberal. A country where, yes, many not aligned people were sent to purge in prison, but also a country where a peace process with the PKK had started. I was wrong. It was just propaganda. It was just big, huge, gigantic… bullshit.

Or maybe not? Perhaps it’s just me. Perhaps I lost my mind in the midst of the protest’s fumes. Because in the end, Turkey’s economy, in recent times, has been booming, and for two years its GDP was ranked second in the world for annual growth, behind China and India. Remarkable, isn’t it? Forget the 2001 crisis or the Turks migrating to Germany to erect the Berlin Wall after World War II. Right, but: Whose is the money flowing in this country? Frankly, very few people seem to realize this money doesn’t belong to Turkey. It flows, that’s right, but it goes away. For it is thanks to all foreign multinational corporations that today we’re living in the Land of Cockaigne. When the multinational corporations will find out that even in Kazakhstan or Uzbekistan or Tajikistan there are (almost) the same conditions, the bridgehead of Turkey will blow up. And in Turkey some heads will still survive, yes, but only d***heads…

Economy moves the world, that’s true. But god give me your lever and I’ll lift the economy. Wouldn’t we be better off without it? Without the overproduction distress. In the name of a “fruit” that, in fact, we are almost never able to consume and that often becomes a rotten apple. Side effects of capitalism: for a note of warning I suggest the reading of an old yet up-to-date essay: Marx’s Capital. O.K., I’m provoking. But if we didn’t base our strength only on economy I think we’d be much better. Human beings have been around for thousands of years – there must be a reason for that. I’d recommend not to trust my analysis. Trust my wife – or the analyst, which is pretty much the same thing.

I even heard someone saying that all this has happened to re-evaluate the Dollar. Shame. Provocateur. Boo! The Dollar and the Euro as well, if anything. There, that’s fine. After all, in regards of Turkey’s accession to the EU, the NO box had already been ticked a long time ago (by Sarkozy Merkel & Co.). We will move even more eastwards, we are expected by democratic leaders such as Putin, Ahmadinejad or Kim Jong-un. It is not said that the side effects of the protest will not get Assad and Erdogan back together. I know that lovers can’t be divided and they will soon return to be as thick as thieves. Lovebirds. I know it, but don’t call me an analyst. If things get worse, instead of singing “Bella Ciao” we will start dancing “Gam Gam style”.

Call me a witness, if you will. A chicken-hearted one. I wasn’t born under the sign of Leo. I’m a Libra. But since there was no justice during these days, or at least so it seems to me, I felt my involvement was dutiful. I wrote dutiful. I meant appropriate, necessary, right. Which are good, too, sure, but not enough. Because who wants to change the state of things MUST intervene. It’s not enough complaining just for the sake of it, and saying that nothing will ever change. No. One needs to expose oneself, to take to the streets, to actively participate in the protest. And inform, too, not only those who sleep, but using social networks. One needs to show one’s balls – or ovaries, if that’s the case.

Inform, I said. The Gezi Park protest owes its echo NOT to the traditional media – which were sleeping, and still haven’t awaken from the sweet vernal slumbers – but to freelancers and nerds. Us. Mistreated Sunday bloggers, hardened Skype users, Facebook pictures posting lovers, tweets perfectionists, and as far as I’m concerned… paper author who couldn’t tear himself away from his pages – but did. The Government has forgotten… No, let me start over. The Government did us a favour leaving the internet on in the early days and we thanked them by increasing our typing tenfold. Today the protest goes on social networks: perhaps you should write it down. And turn off the TV.

And now, if I can, I’d like to tone down a little, which seems so fashionable nowadays. Let me be clear: it’s not the first time that something like this happens in the world. June 4 was the 24th anniversary of the massacre in Tiananmen Square. Do you remember that guy, the “unknown rebel”, armed only with courage, who passively faced the tanks advancing? And all those people who now resist in Syria and in other media-forsaken places? What is it, are they unfashionable? Turkey is the new entry, all right, and media have to follow it, but they will just until it’s “news”, then they will forget it like they’ve done with all other resistance. And I’m not an analyst, I need a psychoanalyst.

Let’s say that I had never been there. I had never been a witness. Sure, years ago to skip school I never missed a Saturday demonstration. Regular meeting at nine o’clock in Piazza della Repubblica, in Rome. And at eleven we were already playing football at Villa Borghese crying out silly slogans. What’s changed now? The social consciousness. I’m not a hero, neither a 007 nor a special envoy. I’m just an ordinary man, in the wrong place at the right time. I didn’t have to look for (little) courage, it came by itself.

But didn’t I have to answer some questions? Here are my answers. One. The “insurgents” take to the streets because they can’t do anything else if they want to oppose the occupation (this for sure) of the tractors and the bulldozers that want to dismantle the park to turn it into a shopping mall. Two. Gezi Park has become a symbol of the protest and the felling of a single tree is equivalent to the loss of a human life. And three. On this I don’t have an answer. I have more questions instead. What is this democratically elected Government afraid of? Of his constituents? Of you? Of me?

In Istanbul it’s raining. In the streets the rain is washing and peeling off the spilled blood of the poor. From civilians to the police. There are many on both sides who think the same way; who hug one another in the homes and fight one another in the streets. Like blind people touching each other without realizing they’re brothers.

I leave you with the words of Javier Marias:

“Tomorrow in the battle think about me.”

Not about me, but about us all.

Luca Tincalla

Arranged in English by Alex Carulli

Nouvelles du 16 juin 2013 après-midi de l’amie française à #Istanbul #occupygezi #Taksim #direngeziparki

(mail reçu à 01:00 lundi 17 juin — heure française)
(c’est moi elifsu qui ai souligné certains passages)

Depuis que je vous ai écrit cet après-midi, voici de nouveaux faits (nouveaux si on peut dire car ils sont vite dépassés, tout allant si vite).

L’immeuble du parti CHP (parti « d’opposition ») à Sishane  a été attaqué par des  partisans d’Akp sans doute.
Des groupes de civils venant des quartiers de Kasimpasa et de  Tophane s’en sont pris aux contestataires du Gezi Park ; certains de ces groupes étaient armés de gourdins et attaquaient  des insurgés qui essayaient de construire une barricade dans le quartier de Tepebasi. Les assaillants se sont  faits ensuite plus nombreux et  se sont dirigés vers Taksim. La police est restée en retrait et n’est pas intervenue contre eux. Ils étaient également armés de ceintures, de pierres qu’ils jetaient autour d’eux.
Des distributions de couteaux dans la rue ont été vues ( info  confirmée par quelqu’un de notre connaissance qui en a été témoin à Tophane)
La police est entrée dans de nombreux immeubles pour chercher les contestataires qui s’y seraient réfugiés ; on parle même d’entrée dans des appartements de particuliers (info à vérifier et confirmer)
– J’ai assisté dans le quartier de Galata à des engueulades entre habitants, des femmes aux balcons et à la porte d’un immeuble,  qui se mettaient en colère contre les contestataires présent(e)s dans la rue, leur reprochant de troubler l’ordre et le calme, arguant le fait que cela terrorisait aussi leurs enfants. Cela a bien duré 15 minutes. Quelques instants plus tard (je ne sais plus s’il s’agit de quelques minutes ou plus) on a vu au bout de la rue des policiers arriver, nous sommes donc tous rentrés dare-dare dans le café devant lequel nous étions, en fermant porte, lumière et en faisant silence total ; cela a duré qques minutes, il ne s’est « rien » passé, on est revenus ds la rue où la police n’était plus, n’ayant rien tenté à ce moment là. Difficile de savoir si les engueulades et l’arrivée de la police sont 2 faits liés mais disons que l’enchaînement a été troublant et confirmant le sentiment d’un climat délétère.
Tous les quartiers autour du centre, de Cihangir à Tophane, Galata, Tünel ont encore été sous les  gaz, affrontements, contrôles de police et arrestations toute la soirée. A l’heure qu’il est (2h00 du matin) je ne sais pas où ça en est ; de l’immeuble où je me trouve, nous entendions en continu les clameurs des manifestations ;  vers 23h30 des détonations très fortes ont retenti ; ensuite, plus rien, plus un bruit.
Je vous tiendrai au courant. Merci à ceux qui m’ont envoyé des messages chaleureux et merci de vous tenir informés et d’aller autant que vous pouvez aux rassemblements contre toutes ces violences, il y en a eu 1 à Paris aujourd’hui à l’hôtel de ville, il doit y en avoir d’autres qui s’organiseront à Paris et dans d’autres villes et capitales.
Merci aussi de faire savoir tout ça au maximum de gens (les faits, les rassemblements dans vos villes et régions, les actions de soutien possibles) 
A bientôt

S.

PS/ Chose précieuse dont je n’ai pas parlé : il y a une merveilleuse solidarité, nombre de cafés et d’autres boutiques ouvrent leur lieu pour abriter les gens, pour les réconforter, leur donner des soins si besoin; idem chez bcp de particuliers,  ouvrant les portes de leur immeuble et appartements, proposant mêmes à ceux qui habitent loin, de dormir chez eux (habitant loin ou pas  d’ailleurs…. très difficile de revenir chez soi même quand on habite les quartiers du centre….)

Informations reçues d’une française sur place #Istanbul #occupyturkey #occupygezi #Taksim #direngeziparki #turkiyesokakta #divanoteli #heryertaksimheryerdirenis

mail reçu le dimanche 16 juin à 16h heure française d’une amie française habitant à Istanbul depuis plusieurs années,
avec qqs corrections typographiques de ma part + insertion de 2 liens

PS : j’ajoute au message que je vous ai précédemment envoyé,  le fait que nous savons que la police est aussi entrée dans les services d’urgences de plusieurs hôpitaux pour arrêter les personnes présentes, beaucoup y ont été frappés ; à part le divan otel près du parc, d’autres hôtels ont été envahis par la police ; de nouvelles substances chimiques ont  été utilisées(l’eau des canons aspergée sur la foule, de couleur rouge, contient des substances brulant la peau au travers des vêtements ; les gaz lacrymo  sont aussi de plus en plus violents ) les violences, arrestations en masse n’ arrêtent pas depuis 21H00 hier soir et il est difficile pour chacun d’entre nous de sortir des endroits où nous sommes.

J’étais hier soir au parc et sur l avenue principale jusqu’à 20H00/20h15, l’atmosphère était bon enfant, ressemblant plus à une kermesse qu’à autre chose, le parc et les environs étaient bondés de monde, familles avec enfants, landaus, jeunes et vieux, touristes etc…. Ça a complètement basculé un peu avant 21h00 avec l’arrivée de la police dans le parc et sur la place avec police et buldozers. Maintenant à l’heure où je vous écris (de chez un copain à Tophane),  les violences continuent, combats d’Osmanbey à Taksim (centre ville coté européen) entre manifestants et police, manifestations dans le centre ville et dans le quartier de besiktas, les gens depuis l’aube, par flux, se dirigent  vers le centre ville de Taksim, totalement bouclé et vers Besiktas. On peut aussi voir de nos fenêtres, un flot de cargos aux fanions de l’AKP (Parti au pouvoir) sur le Bosphore, débordant de partisans ; c est en ce moment que se tient leur rassemblement et les affrontements avec les contestataires du gezi park et tous ceux qui dénoncent toutes les violences, vont sans doute avoir lieu.

Quelques médias ici comme halk tv diffusent les infos du moment mais beaucoup comme Ulusal tv ont l’électricité coupée afin sans doute de les empêcher de diffuser les infos en tant réel.
Merci de diffuser autant que possible  ces informations ainsi que l’appel que je vous ai précédemment envoyé. Par ailleurs, n’hésitez pas à contacter les ambassades de Turquie dans divers pays pour dénoncer ce qu’il se passe. Il va sans doute y avoir des manifestations dans plusieurs villes étrangères, merci à vous si vous pouvez y aller.
Vous pourrez trouver beaucoup d’ infos, de liens et d’analyses intéressantes sur
A bientôt
S.