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Latour invité des Matins de France Culture => la fête sur twitter

Pas eu le temps de capturer tous les tweets (je ne dis pas assez souvent que les outils de capture des discussions non linéaires sur Twitter ne sont pas satisfaisants…), mais voici une partie des personnes ayant participé aux riches échanges sur Twitter pendant et juste après le passage de Bruno Latour sur les Matins de France Culture. Latouriens de tous les pays, unissez-vous !

Liste des pseudos suivis du contenu du champ « bio » :

  • @mvoinchet, Les Matins de France Culture @Lesmatinsfcult @france_culture.  Du lundi au vendredi, 6h30/9h00. photo: © .nobi photography @mrCnobi.
  • @mathgon, Dr en microbiologie, fondu de génomique, mordu de musiques et de jeux de plateaux, blog intermittent,  toujours accompagné d’un appareil photo ou d’un arduino
  • @bourmeau, Journaliste – dir. adj. de la rédaction de Libération et producteur de La Suite dans les Idées sur France Culture, ex-Inrocks et ex-Mediapart
  • @thibnton, Place de la toile #pdlt de @xporte / @france_culture, et UPX notamment
  • @celineamilien, RTeuse compulsive, allergique à Copé !
  • @julienlebot, Journaliste vorace, anachronique et vagabond. Se promène sur les fils de la Toile. Ex- #France24, se lance dans l’hyperlocal avec @Yakwala
  • @yann_c, Géographe qui cherche, qui lit, qui découvre, qui s’étonne et qui parfois trouve.
  • @Mluckygab, Revenue de presque tout. Arrivée presque nulle part. Je me promène.. Élevée par Audiard et Goscinny, je vendrais ma mère pr un bon mot. Et pas cher.
  • @HubertNathalie, Monteuse (Cinéma), Initie un projet avec Jacques Doillon
  • @ericyoungfrance, journaliste agricole. Directeur général de Horizons Centre Ile de France, hebdo agri. régional. Master management des médias et du numérique @SciencesPo Paris.
  • @jm_geridan, Designer, sans jeans slim, n’ayant pas vu Avatar. Enseignant à l’École supérieure d’art et design le Havre-Rouen.
  • @JulieCarolineW, #techcomm w/ #Scenari, blah, Employee in the cloud.
  • @SylvainMilliot, Taper sur des touches et écouter le résultat.
  • @pcroiset, would be a refaire
  • @julienbureau, IT Manager – Lyon & Olympique Lyonnais Fan – Stay in Lyon X Rousse
  • @DavidAjchenbaum, Comédien, auteur, metteur en scène et opérateur de saisie. Appuyons-nous sur les principes, ils finiront toujours par céder. Edouard Herriot.
  • @ArnaudContreras, Radio producer @france_culture /  documentary filmmaker & photographer
  • @fredericlz, la forêt façonne l’arbre. A chacun si peu de place est laissée!
  • @PierreLouis76, Habilité officiellement à causer philo avec des élèves. Dilettante pour le reste (cinéma, politique, musique, radio publique, littérature…).
  • @MargueriteV
  • @laspic, Assemblée nationale, technologies & pouvoirs | doctorant EHESS en anthropologie politique & digital humanities

Que peut-on tirer d’une simple liste de participants sans avoir le contenu des propos échangés ? Sachant en plus que toutes ces personnes n’ont pas forcément échangé ensemble, participé à une discussion commune. Je voulais seulement montrer la diversité des profils (et encore je n’ai là que les 20 que j’ai pu attraper, il y a ceux que j’ai ratés, et ceux qui vont peut-être écouter le podcast et en parler plus tard), ce qui fait partie de ce que j’appelle régulièrement la magie de twitter (voir #twittermagic mais je ne sais pas dans quel sens les autres utilisent ce mot-clé).

Ça vous arrive souvent de pouvoir parler à 20 personnes de ces horizons, sur une émission radio que vous êtes en train d’écouter ? Eh bien, moi, non, pas avant twitter ; pas sans twitter.

 

3ème twit-apéro autour des sciences humaines et sociales #TASHS

Ayé,

on a trouvé un lieu : le Café de l’Industrie, 16 rue Saint Sabin à Paris :

[googlemaps https://maps.google.fr/maps?q=Caf%C3%A9+de+l’Industrie,+16+Rue+St+Sabin,+Paris&hl=fr&ie=UTF8&oq=caf&hq=Caf%C3%A9+de+l’Industrie,+16+Rue+St+Sabin,&radius=15000&t=m&hnear=&ll=48.855638,2.371652&spn=0.00871,0.022724&z=14&iwloc=A&cid=577031794690007610&output=embed&w=425&h=350]

on se retrouve ce jeudi 12 juillet,

pour parler redressement productif et le rôle crucial que les SHS pourraient y jouer,

ou pas.

Ici bas, vous pouvez annoncer que vous venez, ou dire que vous voulez être au courant des prochains rendez-vous (on dit tous les ans qu’on aimerait se voir avant dans un an…), proposer des sujets polémiques, faire des hypothèses sur les prétextes ayant fait éliminer les autres cafés-candidats et se fixer sur l’industrie, etc.

À jeudi ! 19h !

Les biologistes et leurs organismes modèles… #absurdeinside

On me demande parfois pourquoi j’ai arrêté la biologie.

Voilà, pour ceux qui comprendront, un élément de réponse (( les éléments sont nombreux, si j’attends de les rassembler tous pour faire un joli papier complet, on n’est pas sortis, et vous le savez )):

(texte complet ici)

Aussi loin que je me souvienne, ce genre de phrases (et donc de dispositifs expérimentaux) m’ont paru absurdes. Je n’ai jamais été suffisamment la tête dans le guidon pour y croire. On m’a souvent reproché (ou alors c’est moi qui sentais qu’on me reprochait, dans le milieu de la recherche) de ne pas décider si j’étais « dedans ou dehors, il faut choisir » (référence à Schneidermann/Plenel). Et tant que la mentalité dominante et celle-ci, j’ai fait mon choix (et je suis HEUREUSE).

En fait, peut-être que je déforme mes souvenirs. Je n’ai pas dû d’emblée trouver ce genre de dispositifs absurdes. Essayer de comprendre comment marche le récepteur humain en clonant le récepteur de poisson dans une levure. Je pense que la biologie qu’on apprend en prépa puis à la fac ne m’avait pas tout à fait préparée à trouver ce genre de dispositifs courants et anodins, que j’ai donc eu un temps d’adaptation quand je suis arrivée en DEA dans le labo où j’ai commencé à faire de la recherche, et donc, lire des articles scientifiques décrivant ce type de dispositifs et ce qu’on peut en tirer d’informatif…

Pour finir, un extrait de la discussion provoquée sur twitter (en attendant les vrais bons outils qui vont permettre de correctement visualiser les discussions…) :

Va-t-on « obliger les agriculteurs à payer pour réutiliser des semences d’une année sur l’autre » ?

Tout a commencé avec ce tweet de Jonathan Parienté dans la journée :

qui m’a étonnée sur un point : je pensais qu’en France, en pratique, en 2011, « on » n’utilisait pas trop les semences d’une année sur l’autre. Alors j’ai engagé la discussion. Les auteur et RTeur initiaux n’ont plus beaucoup répondu, mais Antoine Blanchard semblait avoir quelques éléments supplémentaires, et surtout, il est allé lire le texte. Ce qui a donné (grâce à l’outil développé par Aaron Swartz, qui marche bien quand il n’y a pas beaucoup d’embranchements, et dont j’attends des développements plus pointus pour mes usages. Oui ça serait bien aussi si je savais insérer des notes de bas de page dans wordpress)  :

Et donc les questions restent entières

1/ Quel est la réalité en France aujourd’hui du resemage de semences ? En nombre de personnes concernées, en nombre et types de variétés concernés, en hectares concernées, en % des revenus concernés. Là je demanderais bien aux sociologues de mon labo.

2/ Même si la question 1 nous disait que c’est une pratique très minoritaire, est-ce que pour le principe, ça pourrait être grave/préoccupant/inquiétant/révoltant ? Là je demanderais bien son avis à Christophe Bonneuil, en tant que chercheur dont les très bons séminaires m’ont fait connaître les COV et bien plus encore, et qui est aussi membre de l’association Fondation Sciences Citoyennes qui doit s’intéresser à ce sujet.

3/ Et la question d’Antoine : était-ce vraiment différent avant ? Qu’est-ce qui change vraiment ?

Voilà, voilà. Encore des questions, et peu de réponses. Classique 😉

Et tout aussi classiquement, le but, c’est de lancer le débat, de faire appel à VOUS. Oui, vous. À vous !

—–

Quelques liens utiles :

– le lien vers l’article qui était dans le 1er tweet : Agriculture : la réutilisation des semences sera sanctionnée sur lemonde.fr

– le lien vers le texte de la proposition de loi : PROPOSITION DE LOI relative aux certificats d’obtention végétale

Des prénoms à la mode en Turquie ?

Par Elifsu Sabuncu et Baptiste Coulmont (billet publié en même temps sur les deux blogs)

L’INSEE turc Turkish Statistical Institute met à disposition deux fichiers donnant le rang des 100 premiers prénoms, depuis 19501.

La belle longévité de certains prénoms, la mort d’autres

Certains prénoms connaissent une belle longévité : Zeynep, prénom féminin, est dans le «top 10» de 1950 à 2010 ; Mehmet, prénom masculin, est presque constamment le prénom le plus donné. On le voit assez facilement dans le graphique suivant, qui donne le rang de quatre prénoms masculins et quatre prénoms féminins depuis 1950 en Turquie.

Mais cette image de grande stabilité est trompeuse. On voit déjà que Elif, prénom féminin, connaît un succès grandissant, et que Hasan, prénom classique, a tendance être de moins en moins donné (relativement aux autres).

Et l’on pourrait tout aussi bien, comme nous le faisons dans le graphique suivant, insister sur les abandons. Certains prénoms, très populaires dans les années 1950, quittent le palmarès, abandonnés par les parents, qui ne nomment plus leur fille, ni leur garçon, ainsi.

Ainsi Serife disparaît du «top 100» avant 2000, et Bayram, prénom masculin, un peu après 2000. Visiblement, tous les grands-pères et toutes les grands-mères n’arrivent pas à transmettre leurs prénoms. En Turquie comme en France, les prénoms des vieux ne sont plus toujours les prénoms des plus jeunes.

Sous la stabilité, de nombreux mouvements

Les abandons (c’est à dire des prénoms qui passent sous la barre du 100e rang) sont très fréquents. Pour les filles : seuls 12 prénoms dans le «top 100» de 1950 sont encore présents dans le «top 100» en 2010 : Zeynep, Elif, Zehra, Fatma, Meryem, Ayşe, Medine, Hatice, Rabia, Emine, Melek, Esma. Les 88 autres prénoms de 2010 sont des prénoms « neufs » (ou peut-être, comme en France, d’anciens prénoms revenus au goût du jour2). Il en va de même pour les garçons, même si les changements sont un peu moins rapides (En 2010, il reste encore 29 prénoms présents en 1950, Yusuf, Mustafa, Mehmet, Ahmet, Ömer, Ali, Ibrahim, Hüseyin, Hasan, Ismail, Hamza, Abdullah, Ramazan, Murat, Mehmet-Ali, Salih, Yakup, Osman, Kadir, Bilal, Halil, Mehmet-Emin, Abdülkadir, Halil-Ibrahim, Süleyman, Musa, Adem, Mahmut et Isa).

Cette première différence entre garçons et filles est importante : en Turquie, tout comme dans les autres pays européens pour lesquels l’on dispose de données, les prénoms des filles se renouvellent plus vite que les prénoms des garçons. Les parents turcs en Turquie, aussi bien que ceux nés en Turquie mais immigrés en Allemagne ou en France, se permettent de donner aux filles des prénoms ayant une « carrière culturelle » plus courte que celle des prénoms masculins. Il y a plus d’inertie associée aux prénoms donnés aux garçons.

Si des prénoms disparaissent, il faut bien que d’autres les remplacent. Et ils ne sont pas remplacés par des prénoms aussi « classiques ». Les Turcs ont bien l’équivalent de nos « Martine » (1950-1960), « Aurélie » (1980-1990) ou « Manon » (1990-2000), prénoms générationnels qui connaissent un engouement très rapidement suivi par un désintérêt.

Le graphique montre bien le succès éphémère de quelques prénoms : Tuǧba pour les filles, ou Emrah pour les garçons ne restent pas longtemps au sommet du classement. Un prénom comme Sıla semble arriver de nulle part et disparaître aussi vite : il semble lié à la diffusion d’une série de télévision du même titre, dans lequelle une pauvre fille est recueillie par une famille riche d’Istanbul (vidéo ici)

Certains prénoms, qui se trouvent dans le «top 10» en 2009, n’ont que quelques années de popularité réelle : Ecrin (qui viendrait de l’arabe, et qui se prononce «edjrine»), Irem, Merve, Yaǧmur, Eylül et Nisanur pour les filles, Yiǧit ou Arda pour les garçons.

De la mode, donc !

Le cas turc est intéressant. L’étude des variations temporelles de la popularité des prénoms s’est appuyée sur les exemples de pays comme les Etats-Unis, la France, les Pays-Bas… pour lesquels un état civil ancien permettait de repérer des phénomènes de mode. Rares sont les travaux à avoir essayé d’observer les mêmes phénomènes dans des pays, disons «extérieurs au G7». Dans les études portant sur les conséquences de la migration sur le choix des prénoms, il est parfois écrit que les prénoms des immigrés et de leurs enfants sont « traditionnels », comme si, dans « leurs pays », il n’y avait que « tradition ».

This corresponds to the results of Lieberson (2000), and Sue and Telles (2007), who have reported a higher use of more traditional (ethnic) first names for boys than for girls in Mexican-American families. This gender difference in naming is not easy to interpret. One possibility is that parents want traditions to be continued primarily by their male offspring.

Becker, B. [2009], Immigrants’ emotional identification with the host society. Ethnicities, 9[2],  p.200-225.

Oftentimes, ethnic groups voluntarily give up their traditional first names and adopt names of the dominant ethnic group without state intervention.

Gerhards, J. & Hans, S. [2009], From Hasan to Herbert: Name-Giving Patterns of Immigrant Parents between acculturation and Ethnic Maintenance. American Journal of Sociology, 114[4], p.1102-1128.

De ce fait, il est implicitement sous-entendu que les pays à majorité musulmane (ou, plus largement, les pays d’émigration) auraient des « prénoms traditionnels » (Ali, Mohamed, Fatima…), qui, en plus, seraient hérités de (grand-)père à (petit-)fils. Ces pays ne connaîtraient pas la mode… et le fait de porter des prénoms ressemblant à des prénoms « musulmans » serait une preuve d’attachement à des « traditions ».

De rares travaux ont montré que ce n’était pas le cas, la mode n’est pas une spécificité occidentale. Et l’on peut, en cherchant bien, disposer maintenant de données statistiques au niveau national, qui le prouvent.

Peut-on repérer autre chose ?

Accessoirement, les données turques permettent d’autres interprétations. Par exemple, le succès récent de Muhammed (que l’on voit dans le graphique précédent), semble remplacer Mehmet. Si l’on fait l’hypothèse que Mehmet, forme turquisée de “Mohamed », pouvait être lié au nationalisme des parents (préférant des prénoms “turcs » pour leurs enfants), alors on peut supposer que Muhammed est donné par des parents plus islamistes que nationalistes (ou trouvant désuet le recours à une forme éloignée de l’arabe).

Un premier classement des prénoms origine etymologique (« arabe », « turc », « persan »…) donne des résultats incertains (ci-dessous, pour les prénoms des filles). Les prénoms « turcs » (en bleu) ont tendance à être de moins en moins nombreux dans le « top 100 », alors que les prénoms « arabes » se maintiennent. Apparaît très visible, en revanche, l’augmentation du nombre de prénoms « difficiles à classer », prénoms neufs ou sans ancrage.

Sources et bibliographie
Données turques :
https://tuik.gov.tr/PreIstatistikTablo.do?istab_id=1331
#filles
et
https://tuik.gov.tr/PreIstatistikTablo.do?istab_id=1332
#garçons

Aslan, S. [2009], Incoherent State: The Controversy over Kurdish
Naming. European Journal of Turkish Studies, [10]. Available at: https://ejts.revues.org/index4142.html
[Consulté août 16, 2011].

Bulliet, R.W. [1978], First Names and Political Change in Modern
Turkey. International Journal of Middle East Studies, 9[4], p.489-495.

Borrmans, M. [1968], Prénoms arabes et changement social en Tunisie.
IBLA, revue de l’Institut des Belles Lettres Arabes, 121, p.97-112.

Notes
1 Ces données ne représentent pas directement les naissances, mais les personnes nées une année donnée, et encore vivantes vers 2009. Nous allons faire ici comme si ces données étaient assez fidèles aux naissances.
2 Mais pour le savoir, il faudrait disposer de données remontant aux siècles précédents. Les spécialistes d’histoire turque nous renseigneront en commentaire.