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Ma vie de chercheuse

Antoine Trouvetout vient de mettre la main sur cette interview de moi.

 

Dont voici le texte intégral ici :

Quel métier exercez-vous ?

Je suis chercheuse.

Que faites-vous  au cours d’une journée?

Je suis devant mon ordinateur presque toute la journée, pour interroger des bases de données, faire des calculs, des représentations graphiques. Je participe à des réunions sur de nouveaux projets, à des discussions, je corrige des projets, des manuscrits. Je donne ou j’écoute des conférences, j’effectue des présentations devant l’équipe. Je lis de la bibliographie, j’en discute avec les autres membres de l’équipe. Je rédige des manuscrits. J’organise des congrès ou des écoles pour les chercheurs. Je lis la presse, aussi. Sans compter les pauses avec les collègues !

Pourquoi avez-vous choisi ce métier ? Cela correspondait-il à vos centres d’intérêt ?

Je souhaitais chercher, me poser des questions, ne pas me satisfaire de réponses toutes faites. J’avais envie de travailler en équipe, de faire avancer les questions sur la santé des humains. Je voulais être la référence dans un domaine (je n’y suis pas du tout encore ;-).

Qu’aimez-vous particulièrement dans votre métier ?

J’apprécie de travailler en équipe, de me poser des questions, d’approfondir, d’argumenter. J’aime essayer de résoudre des problèmes, me demander comment. Pour cela je vais voir comment ont fait les autres, je fais des analogies et vois si elles m’aident à avancer.

Quelle harmonie avec votre vie personnelle ? Vos loisirs, hobbies.

Mes horaires sont lourds mais plutôt libres.

Quelle formation avez-vous suivi pour y parvenir?

J’ai été en classe préparatoire, puis à la fac. J’ai fait une thèse.

Quels conseils donneriez-vous à des étudiants?

J’en ai beaucoup, il m’est difficile de les résumer ici :

-Ne pas hésiter à prendre des sentiers parallèles (ou perpendiculaires).

-Ne pas se laisser autoriser ou interdire des choix, ne pas se laisser impressionner.

-Se faire confiance (c’est très dur, mais c’est un organe qui se muscle comme beaucoup d’autres).

-Aller discuter avec des gens qui font des métiers qui pourraient vous intéresser, traîner auprès d’eux, les interviewer, les observer.

-Faire le maximum de stages, non pas pour être admis dans une formation ou une filière, mais pour choisir ce qui vous plait et rencontrer des gens différents qui ont des approches différentes (du même métier).

-Essayer, dans la mesure du possible, de faire des choix qui ferment le moins de portes.

-Se rappeler que tout est toujours possible, même si on vous dit le contraire.

-Chercher, jusqu’à les trouver, des gens avec qui vous avez envie de travailler.

-Essayer rapidement de monter sa propre équipe pour choisir les gens avec qui vous avez envie de travailler (et être libre de beaucoup de choix…mais en ayant beaucoup de responsabilités).

Dernière modification : 10/06/2008

 

Deux ans après, j’assume tout (encore heureux), malgré la naïveté du ton. Antoine voit dans le dernier point (un peu à part dans la liste où il se trouve) une annonce prémonitoire. J’aurais tendance à le suivre (comme je l’ai suivi dans l’aventure Deuxieme labo).

 

Mais j’adorerais avoir vos commentaire. Comme toujours.

 

Notamment sur ma « méthode scientifique » à base d’analogies et de recontres, pas forcément super orthodoxe. Et je dis ça le lendemain de la projection de l’extraordinnaire film de Mathias Théry La vie après la mort d’Henrietta Lacks (comment ça je fais toujours arriver à ça ?) à des lycéens et du débat qui a suivi sur le rôle (décrié) de l’analogie (chère à Manuel Théry tel qu’on le voit dans ce film)…À suivre !

 

p.s. cette interview a été réalisée pendant ma 2e vie de chercheuse, en santé publique à l’Institut Pasteur (mai 2007-novembre 2008). La première étant à l’INRA sur la génétique de la Tremblante. Et la 3e à partir de janvier prochain au sein de RITME avec Nathalie Jas et Didier Torny. Can’t wait !

Questions (et réponses) sur la grippe A et le vaccin

J’ai pas réussi à trouver le sujet de la pandémie (éventuelle) de grippe porcine/mexicaine/A intéressant jusqu’ici, mais là, ça y’est, ça commence à chauffer, à controverser et à se taper dessus, alors je veux comprendre. Comprendre les différentes positions, leurs arguments et motivations.

Voilà les questions que je me pose (ça va me permettre de chercher la littérature/web de façon efficace : je vais essayer de répondre à ces questions) :

Sur la grippe et le risque de pandémie :

  1. Pourquoi pense-t-on que cette grippe (porcine/A/mexicaine-mais-faut-pas-le-dire–il-parait-que-ça-vexe-les-mexicains) pourrait être la prochaine pandémie ? Parce qu’il a des caractéristiques communes avec les précédentes souches responsables des pandémies ? Parce qu’il est très contagieux ? Parce qu’il est plus virulent (mortel) ? (c’est en général l’un ou l’autre, plus ou moins, car plus c’est virulent, plus ça perd sa chance de se transmettre, je vous dirai pourquoi…si ça vous interesse)
  2. Pourquoi l’appelle-t-on grippe porcine ? toutes les grippes n’ont-elles pas un jour ou l’autre une origine aviaire ?
  3. Quelle différence entre la grippe A et les grippes saisonnières qu’on a tous les hivers ? Mis à part le fait que les cas ont commencé plus tôt (la grippe hivernale, c’est d’octobre à mars, je vais mettre les courbes avec les nombres de cas) ? Y-a-til moyen de distinguer les symptomes ?

À propos du vaccin contre la grippe A :

  1. Pourquoi a-t-on fait tout un pataquès autour de ce vaccin ces derniers mois ? Sera-t-il prêt à temps, y en aura-t-il assez, etc ?
  2. Pourquoi entend-on ici et là que le vaccin a été préparé dans la précipitation et donc manquerait de sécurité ? Tous les ans, le vaccin de la grippe (saisonnière) est préparé à la fin d’une course contre la montre, après une pêche aux souches dans l’hémisphère Sud, le plus tard étant le mieux (les dernières souches apparaissant ont plus de chances de circuler l’hiver suivant dans le Nord), mais en prenant en compte un délai incompressible pour la fabrication. Tous les ans, le vaccin est le résultat d’un pari sur les souches qui vont débarquer dans le Nord (après avoir évolué dans le Sud). Un vaccin est-il également produit pour les (plus rares et moins riches) habitants du Sud ? Depuis quelle année prépare-t-on annuellement un vaccin de cette façon ? Retrouver les passionants topos de Silvie Van Der Werff sur le sujet. Et se rappeller un peu ce processus passionnant, digne d’un roman à suspense.
  3. Quels excipients et adjuvants met-on habituellement dans les vaccins anti-grippe, et pourquoi ? Sont-il de nature différentes des autres vaccins, ou est-ce que ça dépend toujours des vaccins (il n’y a pas de règle) ? Ont-il déjà été testés par ailleurs (je ne vois pas comment on peut savoir s’ils fonctionnent si ces molécules ne sont pas utilisées par ailleurs) ? Se rappeller de l’adjuvant critiqué également dans 1 des 2 vaccins contre les HPV (critiqué, mais assurant meilleure réponse immunitaire, d’ailleurs c’est le but de tout adjuvant).

Maintenant, j’attends vos questions. Je lance l’enquête à partir de mercredi prochain, et autant qu’elle réponde à tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur cette fichue grippe sans trouver une réponse claire nulle part.

Scoop de Miroslav Radman : « voir toutes les mutations qui apparaissent »

C’etait pendant la soutenance de thèse de Francesca Merlin le 8 juin dernier, soutenance dont je voulais longuement parler, mais voilà, le tps passe, et les sujets attendent….

En résumé, elle a fait une brillantissime soutenance (ppt bientôt ici si elle est ok), le jury était dur tout en étant très élogieux. C’etait super interessant et inscructif, mais j’ai pas tout compris…

Miroslav Radman, membre du jury (examinateur) a fait une intervention assez folklorique, qui a mis mal à l’aise et bien fait rigoler les philosophes des sciences (et scientifiques comme moi ?) présents dans la salle.

Mais (vu le titre du billet, et comme je veux (enfin!) twitter ce scoop avant qu’il ne soit publié plus sérieusement), je ne vais pas détailler tout de suite les différentes énormités qu’il nous a servies (mais si vous insistez, promis je mets mes notes au propre, car ça vaut le détour–sauf si plus rien ne vous étonne de MR ?)

Voilà le scoop tel qu’il l’a annoncé (et tel que j’ai pris mes notes, et tel que j’en ai bavardé au pot avec Michel Morange, perplexe comme moi) (mais il rappellait que « dans cette équipe, ils sont très astucieux »):

« J’ai le plaisir de vous annoncer qu’on a une méthode  fluorescente pour voir chaque nouvelle mutation. On peut donc les compter, qu’elles soient retenues (par la selection naturelle, ndlr) ou pas. Cela sera publié dans 2-3 mois »

Michel Morange m’a dit que M. Radman avait parlé de la découverte (espérons-le en termes plus scientifiques et rigoureux) à un congrès (?) à Vancouver (dont MR racontait qu’il revenait exprès pour la soutenance, justement).

Mes questions:

  • Dans quel bêbête on se place ? Coli ou un phage ? ou ?
  • De quelles mutations parle-t-on ? les mutations ponctuelles ?
  • Pourquoi ça parait si difficile de voir TOUTES les mutations ? Pour plein de raisons. Déjà 1 mutation (ponctuelle), c’est au niveau d’une molécule, donc comment « voir » ça ? il faut amplifier l’adn muté et/ou amplifier le signal fluorescent. D’autre part, comment distinguer, biochimiquement, au moment où se fait la mutation, entre le brin muté et le brin d’origine ? Puisqu’il faut qu’on ait un signal quand on a mutation (ie pas de signal avant ni à côté)…Ceci dit, voir toutes les mutations, ne veut pas dire les voir au moment même où elles aparaissent.

Amis biologistes molécularistes (moi ça fait trop longtemps), j’attends vos idées :
1/ Comment feriez-vous ?
2/ Pourquoi n’a-ton jamais réussi jusqu’à aujourdhui, où se trouvent/aient les verrous techniques ?

Mon papier est sorti ! PLoS Medicine: Significant Reduction of Antibiotic Use in the Community after a Nationwide Campaign in France, 2002–2007

capture écran antibiotiques PLoS Med

PLoS Medicine: Significant Reduction of Antibiotic Use in the Community after a Nationwide Campaign in France, 2002–2007

Repris également sur le site de l’Institut Pasteur*

capture ecran IP sur papier antibios

(vous remarquerez le rafinement des bandeaux d’appels aux dons, et leur diversité, mais on en discutera, peut-être, ailleurs, un autre jour)(peut-être est-ce déjà fait, d’ailleurs)

et, beaucoup moins visible, mais présent aussi sur le site de l’INSERM:

capture inserm comm presse antibios

Mais que font les journalistes ? rien vu dans Le Monde**, Libé** ni…

Heureusement que Le Figaro est là !!

capture ecran figaro papier antibiotiques

(*) Un peu réducteur et très peu sexy comme titre, non ? comment évaluer un programme, hm, bon, ok, mais ce qui compte, ici, ce n’est pas la méthodologie générale (qu’on ne prétend pas donner) mais les (bons) résultats obtenus dans une campagne bien précise et étudiée par une méthodologie rigoureuse et adaptée.

(**) Pas croisé lors de ma lecture quotidienne ni par leur moteur de recherche avec les mots « antibiotique » et « programme »

P.S. Est-ce que la rumeur qui traine chez certains scientifiques comme quoi les pages scientifiques du Figaro sont mieux que celles du Monde, ou celle comme quoi ils ont « mieux » (plus objectifs ? plus bienveillants?) couvert le mouvement des Universités seraient-elles fondées ? Ou est-ce que je commence à devenir de droite ? Je dois sérieusement commencer à récolter les indices qui vont dans ce sens avant qu’il ne soit trop tard voir nouvelle rubrique « comment je suis devenue de droite ».